Ça
va faire un an… Un an que je suis partie. Un an que j’ai dit
c’est fini. Un an que j’ai fait des cartons et des valises la
morve au nez et les larmes en cascades sur les joues. Un an que je ne
serre plus personne dans mes bras. Un an que je ne m’inquiète plus
pour l’Autre. Un an que je ne demande plus comment c’est passé
ta journée. Un an que je ne tiens plus de main lorsque je me balade.
Un an que je ne partage plus mes tracas. Un an que je ne gère plus
la maison. Un an que je ne me demande plus si cela va lui plaire ou
non. Un an que j’ai repris ma liberté. Un an que je suis triste,
en colère, que je me sens coupable, que je me sens seule. Un an que
je porte un sentiment d’échec. Un an que je ne me sens plus
aimable, moche et pas vraiment digne d’intérêt. Un an que je
lutte pied à pied, centimètre par centimètres certains jours. Un
an que quotidiennement je me dis plusieurs fois par jour « alors,
quoi de beau et de positif aujourd’hui ? ». Un an que
chaque jour je décide que aujourd’hui est le jour d’après et le
premier jour du reste de ma vie.
Cela
fait aussi un an que je dors un peu mieux. Un an que je me sens plus
moi-même. Un an que ce que je fais a du sens. Mais cela fait aussi
un an que je me demande ce que j’aurais pu faire différemment. Un
an que chaque jour je me répète que celle que je suis devrait être
assez, sans conviction. Un an que j’essaye de comprendre. Un an que
je me demande si je suis capable. Un an que j’apprends à assumer
et à accepter ce que j’ai accompli. Un an que j’apprends à
m’approprier ma vie et mes choix.
Seulement,
cela fait un an que je dois faire cela en fermant ma gueule, ou
presque. Je suis celle qui est partie. Donc forcément, je dois aller
bien, je suis celle qui est partie. C’est bien, c’est facile
d’être libre maintenant.
« Ah
bon ? C’est pas fini ? » ; « Bon, ça y
est, c’est fini maintenant ?! » ; « blablablabla
moi je bla [ne demande pas en 20 minutes de conversation comment ça
va] bla... » ; « J’entends ce que tu dis mais…
Pourquoi t’es triste, c’est toi qui est partie, non ? » ;…
Être
celle qui part ne rend pas les choses plus faciles. Être celle
qui part est douloureux. Être celle qui part est culpabilisant
(qu’est-ce que j’ai pas fait pour que ça parte en vrille comme
ça?). Être celle qui part fait peur. Être celle qui part effondre.
Être celle qui part déchire le cœur et éparpille les morceaux.
Assumer
ses choix de vie. Prendre des décisions pour ne plus être en
dissonance. Aller chercher l’air et l’espace là où ils se
trouvent. Vivre en accord avec ses convictions profondes. Tout cela a
un prix. Et parfois cela conduit à être celle qui part.
Alors
oui, en ce qui me concerne, je suis celle qui est partie. Et je suis
encore triste. Cela ne m’empêche pas de vivre et de m’efforcer
de vivre pleinement. Cela ne m’empêche pas d’être heureuse la
plupart du temps. Cela ne m’empêche pas de ne pas regretter.
Choisir c’est renoncer. Avancer c’est faire des choix. Se sentir
à sa place demande d’être honnête avec soi-même. Cela ne veut
pas dire que c’est facile. Cela veut juste dire qu’il faut faire
face et embrasser la vie à bras grands ouverts.
Mais
laissez-moi être triste. Même si je suis celle qui est partie…
Il est très beau cet article, tantôt dans le chaud, tantôt dans le froid.
RépondreSupprimerPour ma part, je pense que c'est bien de choisir soi-même sa route et la vie m'a appris que "les choses arrivent", il n'y a pas forcément de coupable !
Câlin.
Merci Isidore :-) Non, tu as raison, il n'y a pas forcément de coupable, juste la vie qui avance et chacun-e qui fait face du mieux possible... ;-*
SupprimerLa vie à deux est une gageure. C'est une oscillation autour d'un point d'équilibre qui est la somme les points de rapprochement entre les membres du couple. S'il y a trop d'amplitude, il peut y avoir un phénomène de résonance qui conduit à la rupture. Mais les 2 éléments sont à l'origine de la résonance. L'un ne l'est pas plus que l'autre. C'est encore plus fort quand il y a du HP dans l'équation.
RépondreSupprimer