mercredi 21 octobre 2015

Brève de mes nuits





Se souhaiter bonne nuit. Se blottir au chaud contre l'autre. Écouter sa respiration s'apaiser. Penser à la journée qui vient de passer. Réfléchir à ce qu'il reste à faire avant le déménagement. Changer de position. Avoir un peu chaud. Élaborer une partie du projet de mémoire. Passer en revue les documents à fournir pour le dossier. Se tortiller. Changer de position. Écouter l'autre ronfler. Avoir envie de le secouer pour qu'il se réveille. Se demander de quoi demain sera fait. Changer de position. Migrer vers le canapé. Faire des parties de Bonbons Crush, Glouglou Crush, Toutcequetuveux Crush. Aller faire un tour sur Twitter, FB, IG. Cliquer sur des liens. Lire des articles. Se dire qu'il faut dormir. S'installer confortablement dans le canapé. Maintenant je vais dormir. Et si j'écrivais ça dans ma conclusion de mémoire ? Tiens j'ai une idée pour mes prochaines nouvelles. Faire la liste de ce qui va planter. Avoir envie de cuisiner. Rallumer. Éclater des bonbons et des bouteilles de soda, encore. Lire. Se recoucher. Compter tout les cheptels de Nouvelle-Zélande et d’Écosse réunis. Maudire Morphée. Écrire dans ma tête les trois premiers chapitres d'un roman. Retourner sous la couette histoire d'être au chaud. Écouter l'autre respirer. Sentir sa main qui me cherche. Somnoler. Rater la marche, juste avant de sombrer dans le sommeil. Penser à un truc hyper important : la couleur des rubans. Changer de position. Espérer que la nuit se termine vite. Re migrer vers le canapé. Rigoler en regardant des vidéos débiles sur YT. Faire des exercices de respiration. Tenter de la relaxation. Visualiser la décontraction absolu de chaque muscle de mon corps. Me demander ce qui se passera une fois mon diplôme en poche. Vais-je avoir mon diplôme ? Et si mon sujet de mémoire ne leur plaît pas, il se passe quoi ? Bailler. Allumer la radio en sourdine. Ouvrir un œil baveux 4h plus tard. 
 

lundi 5 octobre 2015

Et ça continue (encore et encore), c'est que le début (d'accord? d'accord!!)

D'abord, il y a eu Sophie Gourion. Je lui racontais sur Twitter ce que je vivais à l'usine et qui m'a dit « tu devrais ouvrir un blog ». Ce que j'ai fait. Et j'ai commencé à raconter ce que je vivais dans le milieu de l'agroalimentaire, entre autre.

Puis Sophie s'est mise à organiser des jeux d'écriture sur son blog et j'adorais participer. J'aimais bien écrire quelque chose dans un cadre plus ou moins contraint. Et ça développe l'imagination !

Puis, Sophie et Librinova ont organisé un concours d'écriture. Et à ma grande surprise, j'ai été lauréate du « prix coup de cœur du jury ». Le prix était de pouvoir être auto-éditée chez Librinova pendant un an. Du coup, j'ai compilé et reécrit certains textes et ça a donné un recueil de cinq nouvelles « Bien ordinaire ? Et autres histoires ».

Et cet été, voilà Caillon-Dorriotz, nouveau venu dans le monde de l'édition numérique, qui me propose d'être édité chez lui (en fait, il m'a dit "chiche"?!). Et j'ai dit oui, à la condition qu'il porte un regard critique sur mes textes et que je les retravaille.
J'ai passé l'été, entre mes écrits à rendre pour ma formation et mes vacances, à relire, affiner, travailler mes textes. Avec l'aide de mon éditeur bien sûr mais aussi avec l'aide précieuse d'une amie qui s'y connaît en écriture (spéciale dédicace à toi S., là-bas, qui je le sais me lit en silence. Merci!). J'ai accepté que mes écrits soient lus avec un regard sans complaisance pour les améliorer. Exercice difficile mais salutaire.

Et aujourd'hui, « Bien ordinaire ? » prend son envol. Autrement.

Je ne sais pas quel parcours aura ce recueil de nouvelles. Je sais juste que c'est le fruit d'un chemin qui a commencé (et cela ne s'est jamais arrêté) grâce à Sophie Gourion qui m'a encouragée à m'exprimer, qui s'est poursuivi grâce à Librinova qui m'a mis le pied à l'étrier pour la publication et qui se continue avec Caillon-Dorriotz pour cette réédition.
Dire "merci" parait bien sobre mais je sais ce que je leur dois et c'est ce que veux leur dire avant tout. Merci de m'avoir encouragée, de m'avoir donnée une opportunité, de croire en ce que j'écris.

Je n'en ai pas l'air mais je suis excitée comme une puce et j'ai la trouille au bide...

J'espère que cette nouvelle édition vous plaira et que vous lui ferez bon accueil ! 
Faites-vous (et moi) plaisir, achetez-le ! ;-) (ben quoi? Bien sûr que j'ai envie qu'il se vende, aussi ^^)
 

lundi 28 septembre 2015

Pour quelques euro de plus

Ça a commencé par quelques tweets concernant un blog d'une mère qui aurait hypothétiquement déscolarisé sa fille Lina, pour en faire une bonne ménagère. Twitter étant ce qu'il est quand c'est bien, le fake a rapidement été mis à jour. Sophie Gourion a écrit un très bon billet à ce sujet. Je ne vais pas revenir sur le procédé (minable) utilisé par Plan International (que je pensais être une ONG sérieuse mais bon, tout le monde peut se tromper, surtout moi).

Ma colère... Non, ma rage vient d'autre chose. Trois blogueurs (il y en a probablement d'autres mais je n'ai pas trouvé qui), sponsorisés donc par Plan, ont écrit des billets « indignés » dénonçant le blog de cette mère, la stigmatisant et en plaignant cette pauvre Lina. Trois billets identiques quasiment, au mot à mot. Une phrase en particulier m'a fait bondir : chez Papa Blogueur « … alors que font les services sociaux ? », chez C'est Quoi Ce Bruit « Mais que font les services sociaux ?... » et chez Virginie Bichet (billet effacé depuis mais merci la copie d'écran chez Sophie Gourion) « Non mais que font les services de protections (sic!) de l'enfance »... Que c'est facile de basher derrière son écran bien au chaud chez soi ! 
Mon billet n'a pas pour but de parler de la non scolarisation des filles ou des sujets connexes à ce bad buzz. Non. Il concerne les services sociaux et le bashing constant dont ils sont la cible.

vendredi 4 septembre 2015

Il a un nom. Il avait une histoire.

Il est plus d'une heure du matin. C'est le 4 septembre. Mon neveu fête ses 25 ans aujourd'hui. Je ne dors pas. Je n'y arrive pas. A chaque fois que je ferme les yeux, les images d'Aylan tatouées à jamais sous mes paupières m'empêchent de trouver l'apaisement du sommeil. Et avec ces images ma colère. Car je suis en colère depuis 48h.

Depuis que ces photos ont été publiées, j'essaye d'y échapper. J'ai réussi mercredi, j'ai totalement échoué jeudi. Je n'ai pas la télé mais je suis pas mal sur la Toile. Où que j'aille sur le net, d'une manière ou d'une autre, ces images me sont imposées. Leur violence incommensurable m'est balancée en pleine face et j'ai juste à fermer ma gueule. Regarde et tais-toi ! J'ai esquivé Twitter et (re)découvert qu'on pouvait désactiver la fonction « activer les images », Instagram n'a pas échappé non plus à la publication de ces clichés. Je ne vous parle même pas de Facebook. Je pensais naïvement en être protégée. Non, et au contraire même car je ne peux pas désactiver la fonction d'affichage des images, il n'y en a pas. Je ne vais pas me fâcher avec les amis qui aiment ou partagent des articles sur le sujet, photos à l'appui. Sans s'en rendre compte, ou alors ils s'en fichent, ils m'imposent ce choc qui est renouvelé à chaque affichage.

Sauf que ça n'est pas "juste" une photo d'un petit enfant mort noyé en Méditerranée. Il a un nom. Il avait une histoire. Sa famille fuyait la Syrie et l'enfer qui s'y trouve. Cette photo ne nous parle pas de cet enfant, juste de sa mort, tragique. 

mardi 16 juin 2015

Innommable

Innommable : Qui ne peut être nommé, qu'on ne veut ou qu'on ne peut nommer (Def. CNRTL). C'est la définition la plus simple du mot. Et c'est ce qui m'est venu en lisant un article, partagé par une amie sur sa page Facebook. Impossible de « liker » une abomination pareille. J'ai lu le titre de l'article et je n'ai pas voulu y croire alors j'ai cliqué pour lire ce qui était écrit. J'en suis restée pétrifiée, littéralement. En moi, je pleurais, je hurlais de rage, je vomissais de dégoût et j'étais terrifiée. Mais rien ne sortait.

Je n'ai pas envie d'utiliser de métaphores, de périphrases ou de formules pudiques pour ce qui suit.

samedi 18 avril 2015

Et maintenant, je fais quoi?

Au début, je me disais que ça n'était que passager et que j'allais retrouver l'allant nécessaire. Sauf que ça dure, ça dure encore et ça dure toujours.
J'ai perdu l'envie. Ma motivation a disparu je ne sais où. Du coup ça a des répercutions sur tous les aspects de ma vie. Je suis en mode « économie d'énergie » à moins que ce ne soit en mode « préservation du vital ». Que ce soit l'un ou l'autre, j'ai la sensation d'être vidée, de n'avoir plus grand chose comme ressources pour avancer et carrément plus rien à donner. Si j'étais marathonienne, je dirais que je viens de frapper le mur de plein fouet.

mercredi 11 mars 2015

C'était là

J'ai 6 ans. Il fait plutôt beau en ce jour de printemps. Les fenêtres sont ouvertes et nous profitons d'un dimanche en famille. Le repas est simple, bio. Le vin, je ne peux pas dire je n'ai pas encore le droit d'y goûter, même trempé. En revanche, j'adore le dessert à venir. Il y a des gâteaux au chocolat de la pâtisserie du Square Vermenouze : une coque en chocolat noir comme un petit moule avec au fond un biscuit détrempé de rhum et une brunoise de fruits confits et par dessus ça un soufflé/mousse au chocolat. Ma grand-mère a planté un cerisier dans la cour. Il fait un peu ridicule pour ne rien vous cacher, piqué là en pleine terre comme un bâton maigrelet.
Je crois que ma grand-mère est bien connue dans le quartier. A chaque fois que nous allons faire les courses à La Mouffe, elle s'arrête tout le temps pour discuter avec des gens ou les commerçants. J'aime bien l'accompagner. On fait la course avec le métro aérien dans sa deuche. Elle m'emmène au jardin des plantes et on regarde les ours à la ménagerie pendant que je mange le goûter qu'elle a apporté : du pain Lemaire et des carrés de chocolat noir. C'est marrant, avec elle, je n'ai jamais l'impression d'être un bébé.

dimanche 22 février 2015

Se rhabiller - Brève

Je ne sais pas comment c'est venu. Petit à petit j'imagine, sans que j'y prête attention. Je crois qu'aimer les autres fait cela aussi. Et il y a ces mains que l'on tient : Celle avec qui on chemine côte à côte ou Celle qui se cramponne à vous quand la douleur se fait forte puis Celle qui s'appuie sur vous. Celle qui vous serre avec l'énergie du dernier désespoir. Celle qui fait rire. Celle qu'il faut contenir. Celle qui prend. Celles que vous cherchez et Celles qui vous trouvent.
Répondre par la présence et par le cœur. Toujours, car c'est ça la vie aussi. Donner et recevoir. Petit à petit, se déshabiller de bouts de soi, imperceptiblement et sans douleur aucune. Pas de violence ni de contrainte. Juste donner de soi jusqu'à être nue et parfois grelottante. Donner de soi en ayant l'impression que cela n'est jamais assez. Ne pas toujours savoir recevoir. Et ce sentiment d'être seule en pleine foule alors que quand je suis seule, je ne le suis jamais.
Juste besoin de me rhabiller. De me reconstituer. Du battement de la houle qui me recompose. Respirer.

jeudi 8 janvier 2015

Onze hommes et une femme

J'ai la gueule de bois et pourtant je n'ai rien bu. Hébétée, groggy avec une forte envie de dire au monde entier « allez vous en ! ».
Hier encore, je me suis réveillée en me disant que, quand même, il était temps que j'écrive une petite bafouille pour des vœux et 2015. Aujourd'hui, je me réveille avec l'envie d'écrire mais je ne sais pas quoi. Je ne sais pas dessiner mais je sais écrire.

En 1986, lorsque la bombe a explosé rue de Rennes, j'étais rue d'Assas avec une copine. Je ne sais plus quelle heure il était ni ce que nous y faisions mais j'étais au lycée pas très loin donc je me baladais beaucoup dans tout ce quartier. Il y a eu un bruit et j'ai eu la chair de poule sans comprendre pourquoi. « Tu as entendu ? ». Les sirènes des véhicules ne se sont pas faites entendre tout de suite en fait. J'ai l'image en tête du boulevard de Port-Royal fermé à la circulation des voitures et le ballet incessant des véhicules de secours toutes sirènes hurlantes. Dans le 91 qui me ramenait, je les voyais passer et je tremblais. Lorsque je suis enfin arrivée chez moi, là-bas du côté de la Mouffe, ma mère est devenue livide en me voyant car apparemment j'étais grise. Je me suis effondrée en larmes sans parvenir à me calmer pendant longtemps. Ma représentation du monde a volé en éclat ce jour là. Il y a eu d'autres attentats par la suite. Il y avait un climat de peur et de défiance assez impressionnant. Sortir, prendre le métro, vivre, tout cela était un acte de résistance à la peur.