Ce que j'apprends depuis que je suis
en confinement...
Ce
que cela m'apprend c'est que je manque d'humilité : je pensais être
capable de faire face sans un plissement du front et j'avais tort.
Ce
que cela m'apprend c'est qu'aimer trop une personne conduit à ne pas
faire les bons choix et que cela revient en effet boomerang ensuite.
Je suis allée chercher Tatie en catastrophe avec une amie le mardi
avant la mise en place du confinement. Seule chez elle à 92 ans, je
ne pouvais juste pas l'envisager. Ce changement de cadre a été
brutal et violent pour elle. Donc depuis une semaine, je temporise,
je lui donne les nouvelles mais en y mettant les formes. Mauvaise
idée. Elle ne se rend pas compte et donc conteste chaque chose que
je peux dire qui restreint sa liberté. Et c'est une personne libre
ma Tatie...
Ce
que cela m'apprend c'est que je suis protégée et que j'ai bien de
la chance.
Ce
que cela m'apprend c'est que l'amitié c'est vital. Passer des heures
chaque jour à papoter, s'appeler, envoyer juste un petit message
pour faire coucou. L'introvertie que je suis a cependant besoin de
ces moments chauds et pleins de tout.
Ce
que j'apprends c'est qu'il faut accepter d'attendre... Mon métier me
conduit à vouloir aider, accompagner et soulager les souffrances des
personnes. Dans un premier temps, je me suis précipitée car je
voulais absolument offrir mes services et mes compétences. Faire du
bénévolat comme écoutante. Agir. Parce qu'en fait c'est de cela
dont il s'agit : combattre cette hébétude, cette stupeur voir cette
sidération. Agir, faire, mettre le corps en mouvement, se sentir
utile aide à dépasser cet hébétement et à continuer à vivre.
Pour autant, pour beaucoup de raisons, dont des querelles de chapelles et de courants de psychologues, j'ai fait un pas de côté. Puis, il se trouve que j'ai eu une proposition que j'ai accepté avec enthousiasme. Je vais être utile, différemment et cela va peut-être me permettre d'éviter de mettre la clef sous la porte.
Et pour le reste? Il va y avoir un après... Et il va y avoir besoin de professionnels de santé de tous métiers pour accompagner l'après. C'est moins glam, c'est moins héroïque et cela peut paraître moins altruiste mais c'est une réalité. Il y aura une vague après qui découlera directement de ce qui se passe en ce moment et de cette première vague que nous attendons. Elle ne sera pas virale cette vague. Elle sera humaine et traumatique. Et nous serons là vous savez, nous serons là. On peut aussi faire du bénévolat/accompagner une fois le pic passé. Nous serons là pour vous soyez-en sur-e-s!
Pour autant, pour beaucoup de raisons, dont des querelles de chapelles et de courants de psychologues, j'ai fait un pas de côté. Puis, il se trouve que j'ai eu une proposition que j'ai accepté avec enthousiasme. Je vais être utile, différemment et cela va peut-être me permettre d'éviter de mettre la clef sous la porte.
Et pour le reste? Il va y avoir un après... Et il va y avoir besoin de professionnels de santé de tous métiers pour accompagner l'après. C'est moins glam, c'est moins héroïque et cela peut paraître moins altruiste mais c'est une réalité. Il y aura une vague après qui découlera directement de ce qui se passe en ce moment et de cette première vague que nous attendons. Elle ne sera pas virale cette vague. Elle sera humaine et traumatique. Et nous serons là vous savez, nous serons là. On peut aussi faire du bénévolat/accompagner une fois le pic passé. Nous serons là pour vous soyez-en sur-e-s!
Ce
que j'apprends c'est l'impuissance, c'est la beauté de l'infiniment
petit, c'est la chaleur des yeux qui sourient malgré le masque, c'est
la gratitude d'être en vie.
Ce
que j'apprends c'est qu'il faut TOUJOURS avoir du gin et du tonic
d'avance parce que être confinée sans Gin Tonic à boire en apéro
avec les amis via les divers possibilités de visio, c'est carrément
pas cool du tout.
Ce
que j'apprends c'est que je suis capable de concevoir une proposition
commerciale et de la mettre en œuvre rapidement.
Ce
que j'apprends c'est d'accepter d'être aidée et de demander de
l'aide avec simplicité.
Ce
que j'apprends, c'est que je suis en vie.
Ce
que je sais, c'est tout ce que je dois aux personnels de santé et
que je voudrais pouvoir les prendre chacun-e dans mes bras, les
soulager, les consoler, essuyer leurs larmes ou les écouter déverser
ce qui les submerge. Je voudrais leur montrer que je suis là pour
eux.
S'il
vous plaît, écoutez-moi juste une minute vous qui êtes au front du
soin : vous êtes formidables. Vous y êtes et vous assumez avec un
professionnalisme et un sens du sacrifice qui me mettent les larmes
aux yeux. Vous faites du mieux que vous pouvez alors que vous n'avez
pas toujours les moyens de travailler dans de bonnes conditions.
Sans vous, cela serait pire. Sans vous, il y aurait encore plus de morts. Sans vous, les malades qui meurent mourraient seuls.
Ils ne meurent pas seuls parce que vous êtes ou étiez là.
Sans vous, cela serait pire. Sans vous, il y aurait encore plus de morts. Sans vous, les malades qui meurent mourraient seuls.
Ils ne meurent pas seuls parce que vous êtes ou étiez là.
N'oubliez
JAMAIS cela, vous étiez là. Ils ont vu vos regards. Ils ont été
soignés par vous. Ils ont eu vos attentions. Ils n'étaient pas
seuls.
Parfois,
cela se résume juste et formidablement à cela : ils sont morts mais
vous étiez là. Ils n'étaient pas seuls.
Merci.
Infiniment.
Bien souvent offrir ses services est le moyen de se flatter l'égo. Un peu comme l'humanisme dont on constate qu'il est généralement auto proclamé.
RépondreSupprimerC'est une manière de voir les choses... Je ne partage pas ce point de vue, pas du tout même. Réduire l'aide à une vile flatterie de l'ego revient à dire que l'être humain n'est pas capable d'empathie, de générosité, de résilience ou d'altruisme. Cela revient à dire que l'altérité n'existe pas. Vous avez une vision sombre et triste du genre humain je trouve.
SupprimerToujours la même histoire. Face à l'altruisme on trouve ce reproche "tu ne cherches qu'à te faire plaisir à toi même"
SupprimerEt quand bien même ?
Il en est qui trouvent leur plaisir à dénigrer, brider, briser. D'autres le prennent en aidant, soutenant, pansant.
Je préfère les seconds. Les altruistes plutôt que les pervers et s'ils se font plaisir, tant mieux.