samedi 22 septembre 2012

Se souvenir des belles choses

C'est l'été, la fin d'après midi, retour de la maison de la plage. Les corps sont fatigués, lourds de cette langueur de trop de chaleur, de rires, de jeux et de silences.

Le ciel rosit du plaisir de l'ascension de sa belle Vénus. La température est immobile : ni trop chaud ni trop froid. L'autoroute, fenêtres ouvertes, Abba en fond sonore, « love ». Les enfants ont perdu face au sommeil. Il n'y a qu'elle et moi qui chantonnons mezzo voce.
Je lui parle de toi, de moi, des failles, des envies de projets, des doutes et de ces lumières que je voudrais allumer.
Quand elle m'a dit « fonce », quand elle m'a dit « bien sûr que tu peux », quand elle m'a dit « j'ai confiance », alors je me suis dit que je pourrais y aller. Quand elle m'a dit « qu'est-ce qui te retient », j'ai trouvé qu'elle avait raison. Quand elle m'a dit, il y a peu, « je suis si fière de toi », j'ai pleuré.


Plus de vingt ans que nous nous connaissons. Vingt ans de vacances, de lettres, de coloc parfois. Vingt ans d'espoirs, de vies qui se construisent, de mariages, de naissances, de coups durs et de joies incommensurables. Après tout ce temps, il n'y a plus rien à retenir, il suffit de laisser filer la vérité, nue dans ce qu'elle a de beau et de laid.

Où nous sommes, chacune, il nous suffit de tourner le regard vers où l'autre se trouve pour sentir cet ancrage indéboulonnable . D'une rive à l'autre, nul besoin de plus pour savoir.
Des heures de discussions, gtalk, skype, mails. Des heures à construire et déconstruire, à tout retourner dans tous les sens.

Des mois, des années. Deux personnes sur cette terre me connaissent, savent. Elle est l'une d'entre elles. La réciproque est vraie. Je ne sais pas si c'est habituel ou courant d'avoir un tel trésor. Moi, je l'ai, elle. Jamais de doutes, jamais de jugements mais jamais de complaisance. Elle est celle qui rappelle parfois à son mari qu'elle me connaît depuis plus longtemps que lui. Elle est ma mémoire, je suis sa porteuse de miroir. Elle est ma sœur, l'autre, celle que je me suis choisie.

Je me suis réveillée avec le souvenir de ce jour et d'autres. J'ai revisité ces vingt dernières années. Et je me suis dit que j'ai une sacrée chance d'avoir vécu des choses chouettes, magnifiques, intenses.
Parfois, j'oublie, je les occulte et je me laisse envahir par ce qui plombe. Ne voulant pas être optimiste, mon cynisme peut prendre le pas. En y regardant, je ne suis pas sûre que je changerais grand chose, no matter what. Le bon et le mauvais se tirent la bourre depuis tellement longtemps...rien ne peut empêcher ça.
Je crois que « Camille redouble » m'a plus secouée que je ne le pensais.

Et vous, c'est quoi ou qui votre trésor ?

7 commentaires:

  1. Nous avons fêté nos 20 ans d'amitié au mois de Juillet ! 20 ans que tu retraces parfaitement dans ton billet si émouvant. De mon côté, l'évolution classique, promotion professionnelle, mariage, des enfants, des voyages et lui, à part les enfants, réalise le même parcours sauf que son projet de vie dépend des promesses administratives et politiques pour l'évolution du mariage et l'adoption...
    Le patrimoine d'amitié constitué depuis 20 ans est tellement précieux que sa préservation est toujours un acte de plaisirs !! Le plus gros avantage des 20 ans, c'est qu'on se comprend au delà des mots et de l'explicite... et ça, c'est une force qui me permet de ne me jamais sentir seul...

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  2. Elle en a de la chance!
    Merci et bravo pour ce billet (et tous les autres)!

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  3. plusieurs trésors, mon fils bien sûr, unique et un véritable ami, aussi, un "frère que j'ai choisi", comme toi, depuis plus de 40 ans maintenant et, malgré les distances malgré l'espacement de nos rencontres nous restons toujours très proches, ... un trésor

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  4. J'ai un trésor d'amitié au quotidien, une amie que je connais depuis 43 ans ! Une évidence sûrement moins passionnée que quand nous étions ado, mais même si nos vies, nos métiers, nos goûts parfois sont différents, nous sommes là, l'une pour l'autre. Et puis des amitiés un peu plus discrètes, à cause de la distance géographique. Une amie en Angleterre que je connais depuis 29 ans, et avec qui grâce à Facebook, j'ai retrouvé une vraie connivence. Je réalise que je vois de moins en moins de gens, mais les gens que je vois sont les vrais, je les connais tous depuis plus de 20 ans. L'amitié ne nous tombe pas dessus comme un cadeau du hasard, elle se construit. Elle n'est rare et inhabituelle que chez ceux qui ne veulent pas la connaitre. On s'implique autant en amitié qu'en amour. Cela demande de l'audace parfois.

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  5. je crois que mon trésor c'est celui qui partage ma vie depuis un quart de siècle, c'est d'ailleurs parfois ainsi que je l'appelle...
    il y a aussi d'autres pépites, rares et si chères à mon coeur. Le temps ne fait rien à l'affaire, cela peut être une relation assez récente, enfin qui ne se compte pas en décennie :) mais chut...

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  6. Merci à vous d'avoir partagé vos trésors dans vos commentaires, je les trouve si beaux...

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  7. Oh, comme c'est beau... Les amis, il n'y a que ça. Ici, là, ailleurs partout, et maintenant, avec les moyens techniques, il y a toujours moyen d'être tout proche, c'est merveilleux !

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