samedi 29 septembre 2012

Stage de survie en milieu hostile - Acte 2 : Bambi

Je suis revenue le lendemain, après ça. La dame de l'accueil m'avait dit que le secrétariat était ouvert de « 9h à midi et de 13h30 à 17h ». Je ne suis pas du matin donc j'ai traîné un peu en chemin.
9h25. L'air assuré et le pas déterminé, je file jusqu'au 3ème. C'est là que je remarque le papier sur la porte : secrétariat ouvert de 9h30 à 16h30. Ils semblent avoir des soucis de transmission de l'info d'un étage à l'autre ici...Je me félicite de mon sens de l'à propos (= avoir paressé sous la couette 15 minutes de plus ce matin là).

9h30...9h35...9h40...9h45...etc jusqu'à 10h. Rien, personne. Couloirs déserts et pas âme qui vive pour me renseigner. Je redescends au bureau de l'accueil. « Ooooh mais des fois elle arrive à 10h, des fois à 11h, ça dépend... » - « ok, ok...quelqu'un d'autre dans la maison là qui puisse me renseigner ? » - « c'est compliqué...Gnourynquologie c'est à part ». L'Alien, qui n'a toujours pas eu son quart d'heure de massacre et qui commence à s'impatienter, fait un bon et l'agent d'accueil ne doit la vie qu'à ma rapidité légendaire qui me propulse sur le trottoir avant l'attaque fulgurante de la bête bavante, tous crocs dehors.


Respirer à fond, allumer une cigarette, compter les pas dans un sens puis dans l'autre. Seconde cigarette, cajoler l'Alien pour éviter toute sortie intempestive et non constructive. Respirer. Attaquer les ongles de la main gauche. Compter les pas. « Mais ta gueule l'Alien bon saaaang ! » En allumer une troisième, la regarder étrangement puis la jeter, dégoûtée, dans le caniveau. Respirer.

Remonter au troisième. La porte du secrétariat est ouverte. J'hyperventile d'émotion. Je passe la tête en frappant à la porte. Bureau vide. « Bonjour, je peux vous renseigner ». Je fais un bond et je me retourne. Mais ça va pas de me faire une trouille pareille ?!!
Elle est souriante, détendue. Je redéroule mon discours de demande de renseignements, fluide, bien huilé (j'ai eu le temps de le répéter celui-là). Elle me tend deux trois feuilles de renseignements et m'explique la procédure (que je connaissais déjà mais bon...il ne faut jamais se mettre les secrétaires à dos, ce sont des personnes essentielles pour la survie en milieu hostile, des mines de renseignements et de petits trucs à savoir, des perles quoi et les perles, faut les traiter avec respect voire déférence).
« heu...j'ai vu que dans la lettre de motivation [oui, je dois motiver ma demande d'entrée dans le cursus] il fallait préciser les cours/horaires qui m'intéressent. Je n'ai pas trouvé le planning de cette année en ligne » - « il n'est pas encore fait, il devrait être validé la semaine prochaine » - « ... », inspiration zazen, « ne faut-il pas déposer les inscriptions au plus tard dans 10 jours ? » - « si ».
Au final, parce qu'elle veut vraiment m'aider, elle me donne le planning non définitif non validé, quitte à ce que je rediscute de ça avec l'enseignant lors de l'entretien. Là, j'ai le cœur qui commence un 100m à la Usain Bolt : « je croyais qu'il n'y avait pas d'entretien » - « ah si. D'abord ils sélectionnent les dossiers, puis ils en convoquent certains et enfin ils choisissent qui intègre » - « ok...heu, des conseils pour la lettre de motivation ? » - « parlez bien de votre parcours professionnel » - « je précise que je suis sans emploi actuellement ? - « ... », yeux écarquillés et sourcils froncés de la dame, « vous ne travaillez pas ? Oulaaaaaaa, ça va poser problème ».
Et là, j'ai Bambi sur ses pattes instables avec ses yeux terrifiés qui fait Ippon l'Alien. BLAM ! Je rentre en mode panique à bord, sortez les petites cuillères et commencez à écoper ! Si je résume : c'est parce que je ne travaille pas que je dispose du temps nécessaire pour entrer en formation mais si je veux entrer en formation, il faudrait que je travaille.
Je vais vous révéler le secret le mieux gardé de la planète : je suis une anxieuse, une vraie, une fondamentale. Une qui écrit tous les scénarios catastrophe (et je suis créative...) à l'avance. Et il n'y en a pas un avec une fin heureuse.
A cette minute, j'ai Bambi au dedans de moi, avec ses gambettes de guingois et ses grandes oreilles toutes agitées, qui regarde statufié un trente-huit tonnes plein phares lui foncer dessus. L'Alien c'est fait la belle sans demander son reste. Quelque soit le script, je vais devoir retourner à l'Uzine, je ne vois que ça.

« Bonjour je viens déposer mon dossier ». Je regarde cette voix et je vois une Fleur. Sourire chaleureux, regard pétillant, l'assurance de celle qui connaît les lieux.
On discute, elle m'explique, me rassure, écoute ma logorrhée panique et sourit. Elle prend mon mail, je prends le sien : elle va m'envoyer des infos et des coordonnées. « A bientôt alors ». la Fleur va son chemin, Bambi et moi on va se carrer dans un café. Et je passe une heure au téléphone avec les unes et les autres. Les intonations sécurisent et les mots apaisent. Je rétrograde du mode panique au mode « je suis dans la merde ça va foirer » (je vous assure, c'est pas le même!).
Les amis, la famille et même certains d'entre vous m'encouragent et me rassurent. Fleur m'a envoyé tout plein d'infos vraiment précieuses.
Don't give up, 'cause you have friends...Don't give up, you're not beaten yet...Don't give up, I know you can make it good...

Il va juste falloir que je fasse une lettre de motivation canon, que je passe ce premier barrage. Si je décroche l'entretien, j'en fais mon affaire. J'ai toujours été meilleure à l'oral qu'à l'écrit. Je sais trouver les mots pour convaincre.
Et puis, s'il le faut, je trouverai un stage ou un petit job. Une chose est sûre, je ne me rendrais pas sans avoir bataillé. Je veux tout : entrer en formation, garder mon petit coin de paradis, profiter de la Capitale les jours où j'y serai. Je veux !
J'ai écrit cette fichue lettre. J'ai du m'y reprendre à plusieurs fois. « Tu en penses quoi si je dis ça comme ça ? Là, c'est nul, comment je peux expliquer ça ? Écoute, j'ai fini, tu la trouves comment ? ». Mon dossier est parti cette semaine. Affaire à suivre donc.

Je ne sais pas comment, mais il faudrait que j'arrive à faire fusionner l'Alien et Bambi, qu'ils parviennent à s'entendre ces deux là. C'est juste que l'image de l'Alien avec des yeux tous doux et celle de Bambi gluant et avec de grandes dents, comment dire... Vous avez des suggestions à me faire ?

4 commentaires:

  1. meilleure à l'oral qu'à l'écrit, qu'est ce que ça doit être alors ;) parce qu'à te lire déjà on te mettrait 22/20 ! j'ai confiance , je suis sûre que ça va marcher, que tu as toutes les cartes pour, j'ai bcp plus confiance en toi qu'en moi. Imaginer les scénarios catastrophes sert à conjurer le sort, non ? imaginer le pire l'empêche d'arriver, et là c'est le meilleur qui t'attend
    des bises et des zondes :)

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  2. Avec "une mettre de motivation canon" tu ne vas progresser d'un mètre. Après il ne faut pas prendre mon commentaire à la lettre. Les joies du labyrinthe administratif. En fait tu es plutôt Thésée au féminin en train d'affronter le minotaure.

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    1. Vu, merci :-)
      Thésée, rien que ça?! Remarque, j'ai une grosse bobine de fil en main...;-)

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