mardi 13 mars 2012

Frayer


Dans ma vie d'avant, je travaillais beaucoup et c'était parfois (de plus en plus souvent) difficile mais j'étais en terrain connu, je gagnais ma vie fort raisonnablement et j'avais choisi mon métier. Puis, pour plein de raisons, j'ai décidé que tout ça devait changer. J'ai tout plaqué et j'ai commencé ma crise « et maintenant ? »
Il y avait bien quelque chose qui gênait aux entournures mais je n'arrivais pas à définir quoi. Cela aurait été si facile : un problème – une solution. Sauf que mon « problème » était fort diffus. Quand aux solutions ...vous croyez que ça se trouve sous les sabots d'un cheval ? Vous croyez qu'une fée habillée en pastel glitter débarque, agite sa baguette et pouf ! tout est résolu ? J'y croyais mais les fées, c'est comme le père noël : ça n'existe pas...Et la seule chose que l'on trouve sous les sabots d'un cheval, c'est au mieux de la boue mais plus généralement de la merde.


Bon, j'ai commencé il y a un moment (mon changement de vie) mais je ne voyais pas comment en parler ou même l'intérêt d'en parler. Et puis, la réalité a pris le pas sur mon état second un peu embrumé et candide : il a bien fallu que je trouve du travail. Oui, cela faisait plusieurs mois que je vivais d'eau fraîche et d'un peu d'amour mais l'un comme l'autre ont pris un goût un peu rance et il m'a fallu passer à autre chose. Et là...comment dire... un autre monde s'ouvre à moi, drôle, touchant, effrayant, bousculant, frustrant...

Écrire est un moyen de partager, vider ma besace, prendre du recul et déposer ces petits riens qui font mon tout aujourd'hui. J'en suis donc arrivée à "Frayer".
Frayer : « rendre praticable à quelqu'un un chemin, le lui faire en écartant les obstacles » (Larousse) .
C'est aussi un terme qui désigne la reproduction des poissons. A la saison, certains poissons reviennent, au prix d'un périple incroyable, là où ils sont nés, pour se reproduire. Ils franchissent des obstacles, remontent le courant et finissent par se multiplier.

Je n'ai pas particulièrement envie de faire de petits. En revanche, j'ai besoin de remonter à ma source, de retrouver ce qui me faisait avancer jusqu'ici et qui me faisait vibrer. Je me suis perdue en route. J'ai décidé de faire le voyage pour y retourner.

10 commentaires:

  1. ...et ça me paraît une fort bonne idée. Vaya con Dios ! :-)

    RépondreSupprimer
  2. Je débarque ici totalement par hasard, mais je me dis que je suis bien tombé. Beaucoup de choses me parlent dans ce texte. Et si moi je n'ai pas changé de vie (je suis plutôt du genre à attendre qu'elle change d'elle même), j'ai fait le même constat (perdu en route) et me suis engagé sur le même chemin (par l'écrit aussi).

    Bref, tout ça pour dire que je ne suis pas mécontent d'être tombé ici.

    RépondreSupprimer
  3. Oh chic, je trouve ça sympa que tu sois arrivé ici par hasard! Bienvenue alors!
    Quelque part, ce choix s'est imposé à moi, j'ai suivi le mouvement...

    RépondreSupprimer
  4. Très beau texte! Merci de nous faire partager cette expérience. Amandine

    RépondreSupprimer
  5. Quelques lignes plus tard, le Courlis se demande s'il n'a pas déjà vu quelque part le petit poisson de "frayer" ...

    RépondreSupprimer
  6. J'ai commencé par la fin, et je repasse par le début (mon côté névrosé sans doute) ravie d'être tombée sur ton blog, via Twitter et grâce à une photo de tablettes de chocolat (comprenne qui pourra !)
    Tu as changé de vie, j'ai changé de vie, sauf que toi, tu l'as vraiment choisi, tu as pris le taureau par les cornes, et tu as commencé ton rodéo ... moi en parfaite spectatrice feignasse, je me suis laissée ballotter, malmener, piétiner et malgré les bleus, les cicatrices visibles ou pas, ma nouvelle vie ne me déplaît pas tant que ça ... elle me plait même plutôt ... et un peu grâce à toi (car non, je ne t'envie pas, je t'admire ;-) ) je vais sans doute oser plus ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ooooh bienvenue ici! :-)Merci, merci pour ton commentaire, il me touche beaucoup

      Supprimer