Dans
une situation comme celle-ci, une note (c'est le terme technique)
circonstanciée et détaillée est adressée au juge des enfants.
Avant, nous en avons parlé en équipe (chef de service, collègues,
psychologue) longuement. Écrire une note oui mais quelles
conclusions ? Continuer la mesure en cours ? Renforcer la
mesure éducative ? Demander le placement ? Placement en
urgence ou non ? La décision appartient au magistrat.
Je
reviens sur ce que je sentais depuis longtemps. Qu'est-ce que je n'ai
pas vu ? Qu'est-ce que je n'ai pas fait ? Étais-je trop
proche ? Ma collègue détaille de manière très clinique nos
interventions ainsi que les contacts pris avec l'assistante de
service social, la PMI (protection maternelle et infantile), l'école,
les écoles. Quelque part, cela me sort de ma spirale de doutes et
m'aide à regarder presque froidement ce que nous avons fait, mis en
place dans cet accompagnement.
L'éclairage
de la psychologue est important. Perverse narcissique, relations
toxiques, père sous influence, intégrité
psychique, construction identitaire, individuation... Autant de mots
et de concepts qui prennent tout leur sens et qui viennent légitimer
certains de mes ressentis. D'autres sont d'un autre registre,
n'appartiennent qu'à moi.
Après
une très longue réunion et beaucoup d'échanges, de doutes,
d'interrogations, notre chef de service a tranché. Demande
d'audience en urgence aux fins d'envisager de confier la mineure Miss
Papillon aux services de l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE). En
langage ordinaire, demande de placement en famille d'accueil.