dimanche 4 août 2013

C'est quand le bonheur?

Quelques quartiers de nectarine posés sur un mouchoir et picorés après l'amour. Un colis reçu de manière inattendue empli de choses délicieuses, faites maison. Rouler face au soleil sur cette route empruntée des dizaines de fois et toujours avoir le sourire en voyant cette éolienne gigantesque au sortir du virage. Fêter 25 ans d'amitié sur le banc dans le jardin avec quelques chips et des mojitos maison. Respirer son odeur au creux de son cou et rester là, à suspendre le temps. Voir les fleurs s'ouvrir. Faire un tour en RER et presque me prendre pour Actarus. Partir dans un grand éclat de rire en lisant un tweet.Apprendre une naissance à venir et sourire en imaginant les parents qu'ils seront. Entendre la pluie, blottie sous la couette, me bercer dans la nuit. Réussir un écrit difficile et le valider haut la main. Aller à une expo photo magnifique avec une amie. Retrouver la tribu après une longue absence. Sentir sa main chercher la mienne dans le sommeil. Écouter cette mélodie connue par cœur, si fort que cela résonne dans la poitrine. La saveur du curry rouge. Dire oui, faire une valise et monter dans un train. Avoir Margoulette Zébulone qui vient tranquillement s'installer au creux de mes bras après le bain et faire un long câlin, en humant son parfum d'enfant. M'ennuyer, un peu. Désherber le jardin. Voler haut dans le ciel et avoir à nouveau 7 ans. Ressentir le manque parce que si des personnes me manquent c'est qu'elles font partie de ma vie et que je ne suis pas seule. Ces baisers échangés sur ce quai de métro. Rentrer à la maison. Bidouiller un meuble à chaussures. Manger des moules frites à 3h de l'après-midi. Croquer quelques fraises tout juste cueillies. Le regarder sans qu'il le sache et sentir mon cœur perdre son rythme. Déjeuner ou dîner avec des personnes formidables. Les fous-rires aux larmes avec cette amie à l'évocation de certains souvenirs. Les longs moments de solitude. La lumière dorée du soir qui tombe. Être attendue sur un quai de gare. Me découvrir autre. Le beurre qui fond sur la tartine juste sortie du grille-pain. La terre après la pluie...

Je pourrais continuer cette liste encore et encore mais cela va finir par être écœurant. Je ne sais pas comment c'est arrivé ou plutôt à quel moment j'en ai pris conscience. Il n'y a pas eu de coup de tonnerre. Pas d'annonce particulière. Pas de trompettes. Pas d'événement spécial. Je me suis juste dit « Elle avait raison : les gens heureux n'ont pas d'histoires ». Elle ? Une de mes grand-mère. Elle m'a enseigné quantités de choses (oui, celle qui m'a appris à filer et à broder, entre autre. A skier aussi.). Elle était persuadée que j'avais quelque chose de particulier, une manière singulière d'aborder la vie. Je ne savais pas alors de quoi elle parlait. Et en pensant à elle, son rituel du soir m'est revenu. Elle était aussi très croyante. Petite fille, lorsque je dormais chez elle ou que j'étais en vacances avec elle, tous les soirs, elle me faisait une croix avec son pouce sur le front et me souhaitait bonne nuit en me confiant à la protection du Saint-Esprit. Je ne peux pas dire que je suis vraiment croyante aujourd'hui. Pourtant quelque part, je ne sais pas, mais je suis sacrément protégée finalement.
Au milieu de toutes mes incertitudes et dans le flou qu'est ma vie, les petits bonheurs s'enchainent, les uns après les autres. Ils n'empêchent pas les peurs, les crises de panique et les galères mais ils sont là. Je crois qu'il y en a toujours eu simplement je ne les voyais pas ou je ne savais pas les vivre quand ils se présentaient. J'étais dans l'après. Aujourd'hui, j'arrive à peu près à être dans le maintenant.

Parfois je me dis qu'il ne faudrait pas que je m'y habitue parce que ça va bien finir par s'arrêter. Souvent je regarde autours de moi étonnée de ce qui se passe. Parfois je me dis que c'est la vie, tout simplement. Souvent j'ai bien conscience d'être privilégiée. Parfois j'ai l'impression que cela tient du miracle. Souvent je souris aux anges et j'ai l'air bête.

Vous trouvez que ce que j'écris est dégoulinant de guimauve et de clichés ? Que la vie c'est pas ça et que la vie, la vraie, c'est dur, âpre et parfois violent ? Probablement. C'est pas faux. Mais ça n'est pas QUE ça. L'éternelle pessimiste que je suis est en train de virer sa cuti. Oh, pas non plus de manière radicale, il ne faut pas exagérer ! Mais juste assez pour voir les choses un peu différemment. C'est l'histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide. Enfin, je crois. Remarquez, moi le verre, je le bois au lieu de me poser la question...

Et si c'était ça être heureuse, maintenant, tout simplement ? 
 

10 commentaires:

  1. le verre on le boit et on se ressert ! cheers !

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  2. Merci pour ce beau billet ! Il est parfait à lire en ce lundi matin pour commencer la semaine ;)

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  3. C'est une drôle de chose le bonheur, entre celui inventé dans les histoires et celui tissé par la vie. Une glace au parfum changeant, empli de mini morceaux qui font pétiller le cœur, parfois par surprise. Dire je suis heureux est compliqué, parce que trop souvent on y voit une uniformité, comme si tout, tout à coup était parfait.

    Mais le bonheur en fait est une myriades d'éclats de vies, de rires, de silences, d'absences, de présences, d'inconnu, inattendu, de trouilles mémorable et sauts sans filets.

    Ton texte je l'aime aussi parce qu'en le lisant, ma mosaïque de petits bonheurs surgit, et me dit que quelques soient les difficultés et les doutes, en fait je suis heureuse. Là. Maintenant.

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    1. J'adore, je kiffe, je me délecte de ton commentaire...
      \__________o__________/ dans mes bras!!! Voilà, rien de plus à ajouter :-)

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  4. Ton billet m'a fait gonfler le coeur de plaisir, c'est comme une " première gorgée de bière " merci pour ce sourire du jour !

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    1. oooh merci à toi! Ton commentaire est un générateur à sourires!! :-)

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  5. Non, ça ne dégouline pas ! Mais c'est vrai que les bonheurs 1:5:13:21:25 et 30 font que tous les autres nous rendent vraiment heureux et conscients de l'être !
    Quand notre vie amoureuse est à l'arrêt il est souvent plus difficile d'apprécier le bonheur des petites choses.
    Et être deux, ça aide à surmonter les moments âpres de l'existence.

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  6. C'est maintenant ma chérie, c'est maintenant.

    J'étais passée à côté de ce billet! On est connectées toutes les deux. :)

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