lundi 1 juillet 2013

J'ai fait les soldes avant l'heure...

Quand on s'est tous retrouvés pour notre derniers cours avec BeauHipster ce matin là, nous étions un certain nombre à avoir un air hagard, un peu hébété et blême. On se salue, on se fait la bise avec certains et des bribes de phrases sont échangées : « alors ? Combien ? » - « j'en avais 12 mais avec la bonne mise en page j'arrive à 14 » ; « Quand ? Tu fais comment pour la présentation » - « 1h15ce matin... tiens regarde avec une pince et toi ? » - « pareil, vers 1h, pas endormie avant 2h au moins, j'ai relu ce matin... Je fais relier ce midi ». On s'échange des regards et des petits sourires. On se frotte les yeux et on avale du café comme des désespérés de l'adrénaline. Les autres nous regardent incertains « vous rendez un truc aujourd'hui ? » - « ouais, l'écrit sur « regarde toi le nombril dans ton travail » de l'UE 666 » - « ah... j'en ai chié l'année dernière pour celle-là. T'inquiète, ça va aller va... ».

Pour ceux qui n'auraient pas suivi : après une année de cours, de boulot et de train, l'heure est venue de valider les UE (matières) étudiées. Et vu qu'en Gnourynquologie... c'est pas pareil (vous devriez le savoir depuis le temps!), les validations se font par des écrits que l'on rend en fin d'année et non pas par des examens que l'on passe. Du travail de fond, de recherche, d'analyse, de décorticage, de masturbation intellectuelle et d'enfilage de mouche... tout ça pour dire que j'en ai rendu un il y a peu...


Ce truc. Cet écrit. Ce dossier. Cette bouse. Ce passeport pour la suite. Ce machin quoi, j'y bosse, plus ou moins en dilettante depuis plusieurs mois. Sans vous embêter avec trop de détails, cela consistait à analyser mon rapport à mon métier, mon métier d'avant quoi... J'en ai causé. J'ai pris des notes. Enregistré. Blablabla... Puis il a fallu en faire une analyse. Avec une consigne : ce n'est pas le pourquoi mais le comment auquel il faut s'attacher. Facile ? HA !
Posez-vous la question : quel rapport entretenez-vous avec votre métier ? Qu'est-ce qui fait que vous l'avez choisi ? Quelles relations avez-vous à vos collègues, votre hiérarchie ? Quelles sont les tâches que vous faites ? Comment les faites-vous ? Est-ce que tout le monde les fait de la même manière ? J'en vois qui baillent là-bas au fond... Détrompez-vous, c'est passionnant ! Disons juste que ça oblige à se regarder en face et qu'en outre, plus vous avancez dans l'analyse, plus un certain nombre de choses émergent et ça secoue parfois.

Donc, toute dilettante que j'étais, j'avais bien en tête qu'il y avait une date buttoir et pas de seconde chance. Et j'ai commencé à danser le tango avec ce machin. Et que je te tourne autour. Et que je te regarde. Et que je te prends à bras le corps. Et que je t'envoie bouler. Et que je ne veux plus te voir. Parfois même, ça s'apparentait plus à de la corrida. Sachant que je n'ai jamais été torero de ma vie, vous imaginez les coups de cornes que j'ai pu me prendre (chuuuut toi là-bas, n'y vois aucun second degré graveleux, tu veux bien?! ). Ça fait mal et c'est pas agréable.
Certains jours, je m'asseyais à mon bureau, j'allumais l'ordi, je sortais mes crayons, mes notes, mon cahier. Tout était bien disposé devant moi et... Rien. Voilà, voilà. Il faisait beau. Le jardin avait besoin d'un peu d'entretien et l'inspiration s'était fait la belle.
Si je veux être honnête, ce que j'avais déjà engagé comme analyse et comme réflexion m'avaient fait butter sur des trucs que je n'avais pas envie d'explorer mais alors pas du tout !
Sauf qu'à un moment, quand faut y aller, faut y aller.

J-5 : j'ai donc 15 pages à rendre pour lundi. Ma pile de gribouillis, brouillons, idées géniales et autres « plans » est impressionnante. Ça va aller tout seul cette finalisation. A raison de 1,5 page de l'heure, je suis laaaaarge. Passer plus d'une heure au téléphone avec un collègue de formation à décortiquer, réfléchir, s'encourager et paniquer un peu. Heureusement, c'est un zen qui rassure.
J-4 : je viens de flinguer ma manucure à force de pianoter comme une forcenée sur ce fichu clavier. J'ai 12 pages, inorganisée et déversées au km. C'est un gloubiboulga indigeste et surtout très ésotérique dans sa structure. A la limite du Dadaïsme littéraire. Piece of cake.
J-3 : je suis dans le train et je tente d'organiser les pensées que j'ai imprimé. C'est nul. Va falloir tout revoir. Il me reste 3x24h. Les doigts dans le nez.
J-2 : Alors là, va pas falloir se rater. Aller à Monop' pour acheter une rame king size de papier plus des cartouches d'encre pour l'imprimante. Vous imaginez le scénario ? Plus d'encre ou de papier un dimanche à 18h, vous faites comment à part piquer une crise de nerfs et fondre en larmes ? (Ne riez pas, on s'est rendu compte qu'on avait tous fait la même chose samedi). Bon, tant que j'y suis, il me faut des munitions pour tenir : chocolat, nounours en guimauve, cahouettes au chocolat... Tiens c'est les soldes... Oooooh le joli pull ! Oooooh la chouette robe ! Oooooh le gilet. Haaaannnn le pantalon !! j'ai le cerveau qui approche du point de fusion.
J-1 : Les barrages ont lâché et c'est l'inondation d'idées. Je ne m'arrête plus. Je suis partie pour écrire une thèse sur... Stoooop ! Surtout résister à vouloir en écrire toujours plus mais affiner ce qui est déjà. Échanger des textos un peu désespérés « j'y arriverais jamais. Suis en surchauffe » - « Mais si, tu vas y arriver. Respire. J'y crois ». Ma nièce propose de me préparer quelque chose à manger. Mon regard shooté, mon visage égaré et mon rictus chocolaté lui font battre en retraite. J'ai mon nombre de pages mais c'est juste dramatiquement plat et sans intérêt. Imprimer le truc pour relecture demain matin. Imprimer les annexes qui compléteront la chose. Boire une bière sur le balcon et regardant scintiller la grande bringue là-bas. Il est 1h du matin. Je vais dormir 4h, c'est un luxe absolu.
Jour J : relu texte et fait l'impression définitive. Ai vérifié pour la dixième fois les numéros de pages, que rien ne manque, que tout va bien. T'façon, faut pas rêver, c'est nul. En route ! Aujourd'hui j'ai cours avec BeauHipster. La journée va être longue... Faire relier mon document à l'heure du déjeuner. Le trouver beau. Le remettre à la secrétaire à la pause. Ça c'est fait.

Plus que deux écrits à rendre et je suis en vacances ! Demain j'attaque le suivant. Un gros morceau celui-là. On se fait la gueule depuis des semaines et il me résiste pire que du chewing-gum incrusté sur une fringue. Demain je sors l'artillerie lourde...

Ce lundi était un autre jour presque ordinaire au pays des gnourynquologues.

Quand j'y pense, j'ai même eu le temps de faire les soldes avant l'heure. J'ai assuré grave sur ce coup là ! Bref, je me suis acheté un pantalon corail à prix soldé juste avant les soldes...

9 commentaires:

  1. Heuuuu. J'ai rien dit! Bon j'ai noté que dans ton rapport il y a une belle faute d'orthographe sur le titre du premier paragraphe..... Non, je déconne.
    Avec ta belle plume cela doit être intéressant à lire tes rapports. Si tu veux me l'envoyer, je suis preneur. Idem si tu as besoin d'un coup de main. Là je suis en train de lire un mémoire sur "Les méthodes pédagogiques en milieu associatif" qu'a écrit mon neveu. Ok. One down several to go.

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  2. Ma hantise : la grosse faute pile dans l'intro... :-/
    Ben, l'écriture est beaucoup plus douloureuse pour l'Université qu'elle ne l'est pour le blog... Pas du tout le même style...
    Merci pour le coup de main ;-)

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  3. Ce sentiment de désespoir bien connu ! Ce stress qui nous fait avancer vite. Sous pression il faut faire vite et bien ! récit haletant :) You Did It !! bon courage pour les deux derniers ! des bisous

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  4. On se voit un peu dans tes péripéties. La tendance à la procrastination est souvent plus prononcée lorsqu'on doit rédiger... ce dont on n'a pas envie de parler. Perso, ce qui me démoralisait plus dans ce cas, c'est le fait d'imaginer le prof lui-même procrastiner devant un tas de rapports qu'il n'a pas envie de se "taper".

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    1. Boudiou, vais devoir m'habituer à ton pseudo... Bienvenue ici!
      Je n'ose pas imaginer la tête de ma prof découvrant mon écrit... :-s

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  5. On fêtera la validation de l'ensemble de tes UE! Tu vas y arriver je le sais.
    Chanceux correcteurs qui te lisent. Je suis sûre pour ma part que c'est un régal.

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    1. :-D je ne sais pas si c'est un régal mais ils les lisent! lol
      <3

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