jeudi 19 décembre 2019

Le prix de l'indépendance

J'imagine que cela ne vous a pas échappé, si vous me suivez sur Twitter : depuis septembre, j'ai décidé de me lancer et je me suis installée à mon compte. J'ai trouvé un local en partage et j'ai accroché ma plaque "Serval Frayer, Psychologue du travail, uniquement sur rendez-vous"...
 
Je me pisse dessus de trouille et de doute environ... plusieurs fois par semaine voir chaque jour.
Pourquoi m'installer à mon compte? Quitte à bosser largement plus de 40h par semaine autant que cela me rapporte plutôt que d'être salariée et que ça rapporte à la boite qui me salarie. 
Et aussi "le respect des process" j'en peux plus. Je veux pouvoir bosser avec rigueur, créativité, spontanéité et en fonction de chaque personne accueillie, de ses spécificités et singularités. 
 
Je veux être MOI dans mon exercice professionnel. 


Si j'ai repris mes études pour valider mon diplôme de psychologue du travail (et à quel prix!) cela n'est PAS pour suivre des process et passer mon temps à faire du reporting. J'ai tellement cartonné dans la boite de formation dans laquelle j'ai bossé que j'ai atteint 90% de taux de satisfaction et plus de 65% de taux de transformation (ce qui est bon...). J'ai plus que doublé le chiffre d'affaire sur la presta que je faisais. Et pourtant, j'ai reçu un "satisfaisant" et une proposition d'augmentation de mon salaire "à la marge". Non.

Tout d'abord, je vaux mieux que ça (à moins de 1500€ nets/mois à bac+5, carrément) et surtout les personnes accueillies méritent mieux que cela. Elles méritent d'être prises en compte dans leurs singularité et leurs différences. Elles ne méritent pas d'être forcées dans des cases à tout prix. Cela n'est absolument pas ma conception du métier.
Alors j'ai franchi le pas, j'ai fait le "leap of faith"...
Devenir indépendante, c'est passer du salariat protecteur à un grand saut sans filet. Pour l'instant je dépense : l'installation de mon cabinet, le matos, les assurances, les formations et les bouquins/revues.
Le mois dernier, j'ai enfin commencé à rentrer du chiffre d'affaire. J'ai eu mon premier client payant! Vous n'imaginez pas ce que cela fait de déclarer à Pole Emploi que l'on a fait 120€ de chiffre d'affaire! Et ce mois-ci, encore mieux, je vais déclarer 360€ de CA! Wouhouuuuuuu!
Cela va me prendre du temps pour arriver à l'équilibre. Je vais être sur une période de vache maigre pendant au moins 2 ans.
Chaque jour, je me démène pour me faire connaître et faire savoir que je suis là. Je suis profession réglementée donc je n'ai pas le droit de faire de la pub. J'ai un site internet au top, une page Facebook, un compte LinkedIn, un compte Twitter pro et j'ai même eu des articles dans la presse régionale, la fameuse PQR!
Petit à petit je m'installe et je prends mes marques. Je persiste, je m'accroche, je sors de mes zones de confort et je prends mon pied.

Parce que malgré toutes les difficultés et incertitudes, les clients que j'ai : je les accompagne selon LEURS besoins et avec des outils adaptés à eux. Je fais du sur mesure. Je suis créative et rigoureuse à la fois. Et je découvre que oui, j'ai les compétences, la posture, les méthodologies, la personnalité et l'étincelle qui font de moi une putain de chouette pycho du travail.
Lorsque je pousse la porte de mon bureau les jours où je suis au cabinet, j'ai le cœur qui fait un bond et j'ai le sourire. Je suis tellement à ma place que ça en est déconcertant. En fait, j'apprends. J'apprends à accepter ma singularité, mes compétences, la justesse de ma posture et le kiffe/la terreur de ne dépendre que de moi. J'apprends à accepter que, oui, je peux le faire.
Alors, chaque jour je bataille. Je doute. J'ai peur. Je kiffe. Je chante "this is my fight song" ou "I still fall on my face sometimes, and I can't colour inside the lines, 'cause I'm perfectly incomplete, I'm still working on my masterpiece ". Je danse dans mon salon la musique à fond. Je pleure aussi, de peur, de nerfs, d'incertitudes, du sentiment d'imposture, de ne pas être à la hauteur...
Et pourtant, les jours où je vais au cab', je longe la mer et c'est beau. Puis, je pousse la porte et je regarde mon bureau. Malgré mes incertitudes. Malgré des lendemains qui s'annoncent difficiles. Malgré une comptabilité plus qu'hasardeuse. Malgré mes peurs et mes doutes. Il y a ces sourires, ces poignées de mains et ces mots "merci, j'avais besoin d'entendre ça".
Je suis à ma place. Le reste suivra. J'espère... Et j'y crois! 

 

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