Je
cherchais ce bouquin car il fait partie, pour moi, de ces livres que je relis et qui ont nourri mon parcours professionnel. Sauf que je ne l'avais pas ouvert depuis fort
longtemps. En faisant rouler et défiler le bord des pages du bout de
mes pouces, un papier plié en quatre s'en est échappé avec une date
griffonnée au dos. Bond en arrière de dix-sept ans.
27.VI.95
(oui à l'époque, j'écrivais les mois à la romaine). Je sais déjà
ce que c'est même si je n'en connais pas le contenu, les plis
horizontaux successifs parlent pour eux. Et mes souvenirs s'imposent.
Deux (jeunes) femmes et un (jeune) homme. Une fin de soirée tardive
après avoir travaillé sur la maquette d'une obscure feuille de chou
d'école. J'apprends à devenir ce que je ne serai pas : une
éducatrice spécialisée distanciée et experte. Quelques bougies, des bières,
une moquette un peu râpée, des cigarettes de toutes sortes aussi et
une musique dont je ne me souviens plus. Lui, des yeux si bleus et
son sourire toujours hésitant. Elle, partante, révoltée et si
entière. Et moi...des cheveux en rideaux, l'incertitude rougissante
des gauches embarrassées et le sentiment diffus d'une affirmation de
soi. Et entre ces trois là qui se connaissent à peine finalement,
des rires, des découvertes, l'élaboration d'un journal et des non-dits qui dureront le temps
d'un diplôme. Nous aimions les jeux d'écriture et particulièrement
celui du cadavre exquis.Tiens, un feutre a lâché pendant l'exercice.
Je
ne vais pas vous dire qui a écrit quoi. J'ai juste utilisé trois
typos différentes et respecté les sauts de lignes. Je n'en ai pas
changé un seul mot (j'ai corrigé les fautes). Le redécouvrir m'a
particulièrement ému.
Je
suis ailleurs qu'ici, je suis déjà partie, je suis là-bas avec
toi
tu sirotais ta bière
assise dans un
bon, ou une bonne non ? Pourquoi tout
bon, ou une bonne non ? Pourquoi tout
ramener
au masculin ? Dis...dessine
moi,
moi, moi, mais j'aimerais tellement m'oublier un peu pour te
rencontrer
cet être si fragile
qui t'attire
bizarrement ;
parce que le hasard fait le bizarre...
il
suffit d'un regard d'un son ou d'une odeur et
tout...Parce
que tout est lié, les événements que la vie nous
apporte,
nos regards, nos mains, nos espoirs désespérés, nos
cœurs,
et oui, des cœurs
d'artichauts à
manger,
déguster, apprécier : vivre quoi !
Osons !
Osons !
Oser vivre, tu te souviens, oser être soi-même pour être avec les
autres, ceux qui ne peuvent rien comprendre à notre
autres, ceux qui ne peuvent rien comprendre à notre
histoire,
merde quoi ! Et si on se la racontait
cette
fameuse
histoire. Il était une fois ou alors mieux : au
commencement...Dieu
a créé et merde Dieu il reste là où il est et nous on
vit ! On vit, on boit, on se saoule, là-haut dans la
vit ! On vit, on boit, on se saoule, là-haut dans la
montagne...à
moins que ça ne soit une taupinière,
tout
est relatif, la vie est belle...et c'est tant mieux !
Je
crois que je vais le remettre dans le livre et qu'il y restera. Il y
attendra ma prochaine lecture, ma prochaine redécouverte...
à vous, J. et P.-H., où que vous soyez...
Normalement dans le cadavre exquis on ne sait pas ce que le précédent a écrit ;) C'est curieux les co^ncidences. Actuellement je lis une BD du titre de "La Brigade chimérique". L'action se trouve dans les années 30 et l'on y croise André Breton, entre autre. Je ne sais pas si Jacinthe et Paul-Henri liront ton billet. Vive zému sans e.
RépondreSupprimerAh Patrick, mon correcteur number one à l'oeil affuté! ;-) (je vais changer ça!)
SupprimerPour moi, au cadavre exquis, tu laisses un mot apparent en début de ligne jute sous la pliure...
Je ne sais pas qui le lira ;-))
Ha... ces voyages dans le passé. Cette nostalgie, ces sentiments, ces émotions intactes, qui resurgissent.
RépondreSupprimerCes retrouvailles avec cette ado que nous étions et que nous avons trop souvent tendance à laisser de côté ou pire, à oublier.
Conserve ce papier précieusement ;) Il est encore plus magique qu'une Dolorean.
:)
je l'ai regardé, j'ai regardé la date et tout m'est revenu d'un coup :-)Celui-là, je le garde! :-)
SupprimerOn ne sait pas ce que l'autre a écrit, mais on laisse visible un mot, il me semble. Je jouais à ça avec des dessins, et on laissait dépasser un ou deux traits pour que l'autre essaye de lier son propre dessin de manière cohérente.
RépondreSupprimerJ'adore ces jeux et les consignes diverses qu'on trouve d'ailleurs dans les ateliers d'écriture.
"Je cherchais ce livre". J'ai d'abord cru que son titre était "Cadavres exquis". Mais finalement, quel livre cherchais-tu ?
J'ai aussi joué au cadavre exquis dessin mais je n'y trouvais pas le plaisir que j'avais en jouant avec les mots :-)
SupprimerLe livre est sur la photo mais c'est trop sombre je crois "Tout est langage" de Françoise Dolto...:-D