C'est
l'heure de pointe de ta vie et tu ne sais pas quoi en faire. Gauche,
malhabile et embarrassée, tu ne sais pas quoi faire de toi.
Depuis
toujours, tu ne sais pas où te mettre, comment te placer, quoi dire.
Alors tu as appris les codes, les gestes, les sourires. Tu t'adaptes
à l'instant et tu fais illusion, tu leur fais plaisir. Tu sais si
bien faire que parfois tu ne sais plus où à moins que ça ne soit
qui tu es. Tu es toi le temps de quelques mesures puis la cacophonie
te fait te retirer.
Alors
tu te rétractes loin en toi et tu respires. C'est une comme toi qui
marche, rit, répond. Elle ne sait pas toujours quoi dire mais au
moins elle y est. Toi, loin au dedans d'elle, tu te caches. Personne
ne peut te trouver sauf à avoir un GPS dont tu n'as jamais donné
les coordonnées.
Être
à sa place. Trouver sa place...tu as un rang dans une fratrie, tu
occupes un bout de génération dans l'arbre de ta famille. Tu es une
adresse mail, un numéro de téléphone, une adresse changeante. Tu
es une voix, un sourire, des yeux et des mains. Tu es un cœur, un
tempérament, une âme. De là à ici puis là-bas, tu corresponds et
tu te cases. Mais tu ne te sens pas à ta place. Bancale, décalée,
à contre-temps. Toujours. Depuis toujours. Probablement à jamais.
Tu
n'as jamais compris ce qui était si compliqué. C'est comme ça, tu
t'es résignée, joyeusement et obstinément. Tu arrives à en rire,
régulièrement. Tu le tais, souvent. Tu t’épanches, parfois. Je
t'ai aidé à chercher la notice explicative mais nous ne l'avons
jamais trouvée.
C'est
l'heure de pointe de sa vie et elle ne sait pas quoi en faire. Elle
sent bien confusément que c'est possible. Elle ne sait juste pas
comment. Elle ne fait pas semblant, ne crois pas ça. Mais elle est
tellement à côté de la plaque dans sa sincérité qu'elle s'y
empêtre. Elle ne le fait pas exprès mais elle se prend les pieds
dans le tapis. Elle trébuche, s'étale ou se retient de justesse.
Elle sourit et s'en amuse la plupart du temps. Elle a l'habitude,
c'est comme ça depuis si longtemps. Elle se sent comme un petit
bouchon un jour de houle, une coquille qui ballotte mais qui résiste
à presque tout.
C'est
à portée de doigts, quelque chose d'évanescent et d'insaisissable.
C'est magnifique et évident. Si elle le retient alors ça ne devient
rien. Pourtant elle en jubile et s'en régale. Mais la réalité
s'impose et en impose. C'est là que tout dérape. Elle ne se sent
pas à sa place et n'a pas le mode d'emploi.
Elle
et toi, vous y allez, vous avancez en vous disant que ça finira bien
par s'éclairer. Le tout est d’attraper la bonne mélodie au bon
moment. Et ça arrive.
C'est
l'heure de pointe de ma vie et je ne suis pas vraiment sûre...comment
ça marche, dites ?
je ne sais pas comment ça marche, c'est la question que je me pose incessamment et je n'ai pas trouvé la réponse, je ne la trouverai probablement jamais, existe t elle seulement cette réponse ?...
RépondreSupprimerJe ne sais pas...:-)
SupprimerJ'aime bien l'idée, mais j'ai déjà commencé à ralentir, sans vraiment me rendre compte que j'y étais, à l'heure de pointe de ma vie. Chacun trouve sa notice propre, je suppose. Si tu traduis celle d'un(e) autre, attention ! Ca risque de ressembler aux consignes de montage d'un meuble Ikéa.
RépondreSupprimerSavoir garder le rythme, sans forcément chercher à dépasser les autres, ni à forcément aller à la même vitesse, respecter leur vitesse et choisir des compagnons de route qui ne t'obligent pas à t'essouffler. Voilà l'essentiel. Prendre le temps de rêver, de regarder. Tu le fais, il me semble.
Je ne traduis que la mienne propre...:-)J'aime bien ce que tu dis sur le rythme
SupprimerL'heure de pointe, c'est l'heure où tout se précipite. On est bousculé. Cela sent la transpiration. C'est là aussi où les billets coûtent le plus chers. L'important est de ne ne pas tomber sous peine d'être piétiné par la foule.
RépondreSupprimerEnsuite il faut savoir si on on est dans une phase de sortie ou de rentrée chez soi.
Chez soi ou en soi?
SupprimerMerci pour ton commentaire
Pour des raisons qui me sont personnelles, je me suis mis à la recherche de ce moi-même sous l'écorce du bien appris, sous les imposés par la tradition familiale. De ce fait, je ne me sens pas "impuissant" face à l'heure de pointe, certainement pas comme une coquille de noix ballotée par les flots.
RépondreSupprimerC'est pas mal de conserver une certaine maîtrise de l'existence !
:-))
Merci de ton passage et de ton commentaire.
RépondreSupprimerUne certaine maitrise oui :-) En même temps, c'est aussi pour ça que j'ai voulu changer de vie, pour ne pas m'enfermer dans des danses devenues trop connues, trop répétées...Mon ratio maitrise/ballotage s'en est trouvé fortement modifié, c'est sur
Je ne sais pas comment ça marche. Je serai incapable de t'expliquer pourquoi est-ce si compliqué !
RépondreSupprimerJ'ai moi aussi appris les codes, les gestes, les coutumes, les bonnes manières. Je les applique. Appliquée.
Je suis présente. Des fois. Ces fois où j'ai suffisamment d'énergie en moi pour me permettre de la dépenser dans ces moments si bruyants.
Je pense que ce n'est pas simplement pas moi. Je crois que n'ai rien à comprendre. Alors je l'accepte. Je réponds, j'inspire, les regarde, si à l'aise, tellement plus dans leur élément ou tellement meilleurs que moi pour faire semblant. Comment le saurai-je...
Et je souris, mais ce n'est pas forcément à eux, pour eux...
Merci pour ton commentaire et pour le partage :-)
SupprimerOui, le sourire...arme de protection et de destruction massive