Et si j'assumais...?

Au début, j'avais prévu que ce billet soit un peu humoristique dans le genre « auto-promo outrageuse ego trip ». Mais pendant que j'y réfléchissais, cela m'a conduite à décortiquer le processus et je n'ai plus eu envie d'être dans l'humoristique « auto-promo outrageuse ego trip ».

Il se trouve que cet été, après avoir participé à un concours d'écriture, j'ai été lauréate d'un prix et que cela m'a permis de publier un recueil de nouvelles. J'en ai parlé, j'ai fait un peu de promo et j'ai eu des retours. J'ai remercié. Je me suis également sentie embarrassée face à certains compliments élogieux et/ou encourageants. Pourquoi ? Pourquoi devrais-je me sentir embarrassée ? Qu'est-ce qui fait donc que lorsque je fais quelque chose qui plait, qui touche ou qui interpelle alors je me sens gênée ? Cela ne concerne pas que ce que j'écris. Je pourrais dire la même chose à propos de mes photos, de mes études, de ce que je faisais lorsque j'étais éducatrice ou de certains aspects de ma vie personnelle. Une tendance systématique à minimiser les retours positifs, les compliments. Une tendance à ressentir un sentiment d'imposture lorsque quelque chose que j'ai pu faire ou produire est remarqué. A l'inverse, lorsqu'on me fait une critique, je bats ma coulpe et je la trouve forcément justifiée (non pas qu'elle soit injustifiée, la critique...).

Une anecdote (qui s'est répétée plusieurs fois) en lien avec mes études : j'ai validé certaines matières au cours de mon cursus avec des notes chouettes, vraiment ! Lorsque j'avais connaissance des résultats, soit je n'y croyais pas (une fois, j'ai appelé la scolarité pour me faire confirmer mes notes par téléphone et leur demander s'il n'y avait pas d'erreur, parce que j'avais eu 15 à deux examens ! La personne au bout du fil était assez interloquée...) soit je disais que j'avais eu du bol...

Bien sur, ce que j'ai écrit et publié est « juste » un recueil de quelques nouvelles, comme il y en a beaucoup. Mais c'est le mien ! C'est un « vrai » livre, en version électronique, avec mon nom dessus, un numéro ISBN et tout. Et je suis fière de cela. Pourtant...

Alors, j'ai essayé de comprendre. Me sont revenus en tête des articles lus sur cette "capacité" qu'ont les femmes à ne pas se mettre en avant. J'ai repensé à l'éducation que j'ai reçu et au fait que la modestie était une vertu. J'ai été élevée avec cette idée que je ne devais pas me mettre en avant et qu'être fière de ce que je faisais était de la vantardise, une manifestation de l'ego voire de l'égocentrisme.

Conclusion aujourd'hui, à plus de 40 ans, je ne suis pas fichue capable de regarder ce que je fais sans le passer au prisme déformant de « bah j'ai eu de la chance » ou « non mais les gens sont trop gentils » ou « je n'y serais jamais arrivée toute seule » et bien d'autres encore... C'est constant et récurrent. Si j'assume et que je réponds « oui, merci. Je suis contente de ce que j'ai fait », j'ai l'impression de « me la péter » pour parler simplement.

Ça gâche un peu certains aspects de la vie pour ne rien vous cacher. Je ne veux pas me retrouver avec un ego surdimensionné et devenir une insupportable poseuse mais si déjà je pouvais regarder les choses tranquillement sans les rabaisser systématiquement, ça serait déjà bien !

Donc, mon objectif cette année sera d'apprendre à assumer mieux. Juste ça.

Alors oui, j'ai gagné un prix et j'ai publié un recueil de nouvelles. Oui, j'ai envie qu'il soit acheté, lu et qu'il plaise. Oui, j'en suis fière. Non, faire de la promo n'est pas de l'arrogance et du nombrilisme. Je ne trouve pas que cela en soit lorsque d'autres personnes le font alors pourquoi devrais-je ressentir cela lorsque je suis directement concernée, zut alors !

Donc [ATTENTION PROMO] ...

Comme je l'ai déjà écrit il y a peu sur ce blog (remontez, l'article est juste un peu plus haut), j'ai remporté le prix « coup de coeur du jury » au concours d'écriture organisé par Librinova et Tout à l'Ego. Suite à quoi, j'ai publié un recueil de nouvelles « Bien ordinaire ? Et autres histoires ». Vous le trouverez en vente sur différents sites et vos commentaires sont les bienvenus.

J'ai même été interviewé par Sophie Gourion sur son blog.

Et rendue à ce point du billet, je suis en train de me dire que si je ne le mets pas en ligne direct, je ne le ferai jamais car je suis en pleine crise d’égocentrisme et que c'est pas bien...

Et vous ? Ça vous arrive de ressentir ça et de minimiser systématiquement ce que vous faites ? 

Edit : le livre va faire son retour mais ailleurs et légèrement modifié. Donc pour l'instant, il n'est plus en vente!