Il
a suffit d'un coup de fil vraiment pour que la Vie s'invite à ma
table mais pas de la manière dont je la pensais.
Lorsque
je suis arrivée chez moi, je me projetais dans une vie ici, loin de
tout, de tous et des tumultes divers et variés. Il y a la mer, il y
a les amis, il y a quantités de petits bonheurs, il y a la paix. Une
parenthèse s'est ouverte le jour où j'ai posé mes valises, plus
une faille temporelle d'ailleurs. Le temps a pris son temps pour moi.
J'étais abîmée, cabossée, usée. Puis peu à peu je me suis
redressée, réparée, amendée.
Bien
sûr, lorsque j'ai repris mes études, je me suis retrouvée plongée
dans les bousculades et les folies urbaines mais je le vivais comme
des épisodes passagers. Un peu comme une porte que l'on ouvre « bon,
j'y vais » puis que l'on referme une fois l'épisode passé.
Toujours, je revenais où je savais trouver la paix.
Ça
aurait pu durer des années comme ça. Ça m'allait bien vous savez.
D'autant que j'imaginais bien, une fois mon diplôme obtenu,
travailler dans le coin. Apporter mon écot à ce pays que j'adore et
dont je suis imprégnée. La Bretagne, j'y suis attachée plus
sûrement qu'un bulot à son rocher !
Seulement
voilà... La Vie je vous disais... Des mots échangés puis une
rencontre suivi de deux mains qui se trouvent et l'amour qui
s'invite. « Faites attention à ce que vous demandez, vous
pourriez bien l'obtenir ». je n'ai pas l'impression d'avoir
spécifiquement demandé quelque chose mais le bonheur c'est ça
aussi. J'avais demandé à être bien. Je l'étais. Je le suis encore
plus maintenant.
Mais
la Vie a aussi le chic de vous obliger à plonger en elle et à la
vivre. Pas question d'observer ça d'un bout de terre avec un demi
sourire. Non. Il y a toujours un moment où elle vous chope et vous
précipite en elle.
Il
a suffit d'un coup de fil pour que tout change. Un projet
professionnel, un départ pour ailleurs et un choix à faire :
« Et si nous... ? Tu viendrais... ? ». Il y a
eu tout à la fois, un tremblement de terre, une grande marée, des
déferlantes et une aurore boréale. Il y a eu un choix à faire
aussi. La Vie, cette finaude, a décidé que je ne pouvais pas tout
baliser et tout bien sécuriser. Elle a décidé qu'il était temps
que je replonge dans le grand bain, là où je n'ai pas pieds.
Alors
j'ai eu peur. Alors j'ai ri. Alors j'ai pleuré. Alors j'ai un peu
hésité. Alors j'ai dit oui. J'ai dit oui à une nouvelle vie, au
loin d'ici. J'ai dit oui à tenter la vie à deux. J'ai dit oui aux
cartons, aux valises, aux incertitudes et aux au-revoir. J'ai dit
oui au partage et à la main que l'on ne lâche pas. J'ai dit oui à
Lui. N'allez pas croire que je vais me marier et tout le tremblement
hein ! Faut pas exagérer non plus !
Aujourd'hui,
ce choix j'en suis heureuse. Je n'en ferai pas d'autre. Et ça me
déchire l'intérieur de quitter mon coin de paradis. J'ai le sourire
et les larmes. J'ai le soleil et les grains. Je suis un peu comme un
arc-en-ciel en fait en ce moment. Alors je profite autant que je
peux de ce qui est encore. Car je sais que ces tempêtes d'hiver
seront les dernières avant longtemps et les dernières dans cette
maison. Les cafés pris chez les amis durent un peu plus longtemps et
on se voit plus souvent. Je ne vais pas planter de fraisiers cette
année car je n'y serai pas pour en profiter. Je vais déplanter mes
rosiers pour les donner à des amis qui les bichonneront. Chaque
jour, chaque minute, chaque matin est le dernier, dans cette maison à
cet endroit. Et tout cela a des saveurs particulières.
Ma
Bretagne, je la quitte pour mieux y revenir le moment venu. C'est une évidence. MA maison, lorsque les cartons auront été chargés, les derniers coups
de balais donnés et la porte refermée, je lui dirai adieu. Et ça,
c'est dur... J'y ai tant survécu et tant revécu. Cela peut paraître
insignifiant à beaucoup, ça n'est qu'une petite maison après-tout.
Mais pour moi, c'est plus que ça. C'est là où je suis re-née.
Il
y aura d'autres lieux, d'autres maisons, d'autres foyers. Il y aura
toujours les amis, une place à table pour moi et les bras qui
s'ouvrent. Il y aura ce que nous construisons ensemble toi et moi et
tout ce qui est à venir. Il y aura des secousses et des arrêts pour
régulation. Il y aura ces petits bonheurs qui s'inviteront et ceux
que nous provoquerons. Il y a nos deux mains entremêlées. Il y a la
Vie. Et c'est pour ça que j'ai dit oui.
C'est marrant, j'ai comme l'impression que je change à nouveau de vie...
hello. Le hic est que tu partes de Bretagne mais le nunc l'emporte. Bon vent. J'espère que sur le chemin tu pourras t'arrêter nous voir accompagnée ou pas cela n'a pas d'importance.
RépondreSupprimerMille bonnes choses pour cette nouvelle vie ! Bravo ! je trouve ça génial ! comme je te l'ai déjà dit, j'adore ton histoire...
RépondreSupprimerSophie
Une maison c'est avant tout ceux qui y vivent qui en font l'âme, ton âme tu la transportes ailleurs et pour la plus belle des raisons. alors belle nouvelle vie , je suis si heureuse pour toi et ce n'est pas une formule, j'espère que tu le sais... je t'embrasse miss frayer, ne nous laisse pas sans nouvelles...
RépondreSupprimerLa vie chante dans ton billet, l'amour aussi, et on a envie de danser le quadrille ou la bourrée auvergnate, ou n'importe quoi d'autre. Et puis l'amour humain, c'est plus fort que l'amour de chez soi, aussi attachée que l'on soit à ce chez soi. Alors je te souhaite beaucoup d'amour humain dans ta future maison. Et qui sait ? Peut-être même t'éprendras tu de la région ;-)
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