Ici et là-bas et retour

Photo contractuelle

Quand j'ai été acceptée en Master de Gnourynquologie, l'un des corolaires était que je devais quitter le FFDMC (Fin Fond De Ma Campagne, pour mémoire...) pour aller suivre les cours à la Capitale.

Sauf qu'il n'était même pas envisageable une seule seconde que je devienne Capitalienne à temps plein. Non que je n'apprécie pas d'y être et de profiter des richesses que la ville a à offrir. Mais j'ai trouvé mon petit coin de paradis et je m'y suis ancrée. J'ai de la famille à Lutèce qui m'héberge. Donc, je fais les allers-retours.

Pour des navettes réussies et en toute sérénité, il faut :

Une valise, ni trop grosse, ni trop petite avec quatre roulettes (c'est important, c'est plus maniable et ça ménage les articulations vieillissantes) et solide. Trop petite, vous avez des sacs en plus. Trop grosse, vous êtes obligés de prendre pleins de trucs, de vêtements et de chaussures, sinon la valise est vide et ça ne se fait pas... Pauvre valise dont l'utilité est d'accueillir vos effets personnels avec tendresse et efficacité. Faudrait voir à ne pas la traumatiser ! Donc, une valise, légère, maniable et moyenne.

Une bonne mémoire ou un petit carnet dans lequel il faut tout noter. Parce que sinon, cela donne quelque chose comme : le bouquin indispensable qu'il faut lire pour avant hier (et faire un commentaire en cinq pages pour le prof de Gnourynquologie) est resté à Paris, nous sommes déjà après-demain et je ne reviens pas avant 15 jours. Je ne comprends pas, je croyais que j'avais un pull brun pour aller avec cette jupe, je n'arrive pas à...*illumination*... il est resté sur le fauteuil dans ma chambre au FFDMC. Je retourne mon sac jusqu'à le vider par terre dans une attaque de panique : où est le chargeur du téléphone ?? ... Mes lunettes ? Où sont mes lunettes ?!! Vous connaissez la réponse.

Pour certaines choses, j'ai investi : affaires de toilettes et produits de beauté en double, comme ça, je sais qu'il ne me manquera rien et ça m'évite de transbahuter ma trousse de toilette. Pour d'autres choses, j'essaye de faire attention... Je fais des listes, je colle des post-it, je maugrée et je chouigne de mes oublis récurrents.

Un agenda. Il faut un bel agenda papier (oui, papier!) et il faut absolument TOUT noter ! Vous n'imaginez pas le temps que je passe en début de mois à organiser mes trajets... « Bon, alors là y'a Muche qui m'a invitée pour une petite bouffe. Là y'a ma mère qui a prévu un pot au feu, là y'a Untel qui aimerait bien qu'on aille prendre un verre quand même ça fait longtemps. Là y'a... » dans deux lieux de vie différents. Crise d'arrachage de cheveux assurée.

De la musique et de bons écouteurs. Le train c'est bien, mélodieux c'est mieux ! Et puis aussi quelques films sur l'ordi (renouveler régulièrement sous peine de se fader « Twilight à la tronçonneuse » deux fois en un mois...Oui, il vaut mieux ça que d'entendre/voir Jules 5 ans se curer le nez et demander à faire pipi/caca/autre toutes les 10 minutes), une bouteille d'eau et un truc à lire (de la Gnourynquologie de préférence. D'ailleurs, en ce moment, je relis Le Seigneur des Anneaux...)

Un abonnement de train ET la carte Voyageur. L'abonnement permet de bénéficier de 50% sur le prix du billet en toutes saisons et par tous les temps. La carte permet de dématérialiser son billet et de ne plus se poser la question « qu'ai-je fait de mon billet, de zeus, rontudju, triple buse ?!» (non, je ne suis pas sponsorisée par la SNCF!) Le tout permet de prendre son billet à la dernière minute quand vous n'êtes pas un chantre de l'organisation planifiée anticipée, d'échanger jusqu'à la dernière minute votre billet sans que ça vous coute un rein supplémentaire et ça permet de se reconnaitre entre Gnous qui transhumons chaque semaine. Il y a ceux qui en sont et les autres. En général, les Gnous ne vérifient pas leur billet 10 fois pour trouver leur place, d'ailleurs ils n'ont pas de billet papier. Les Gnous ont des bagages logeables, optimisés et organisés. Les Gnous travaillent/dorment/regardent un film/coupent la sonnerie de leur téléphone/ne pourrissent pas la vie des autres voyageurs/ne vivent pas leur trajet comme une grande aventure. Les Gnous tendent leur carte/abonnement au contrôleur et s'échangent un demi sourire lorsqu'ils ont repéré qu'il y avait d'autres Gnous à proximité. Les Gnous ne paniquent pas lorsqu'un retard est annoncé et se calent dans leur fauteuil avec un regard mi fataliste et mi agacé/énervé/furieux. Les Gnous ne considèrent pas leur trajet comme un voyage mais juste comme un moyen d'aller d'un point A à un point B.

Je ne vous parle même pas des périodes de vacances scolaires... Le Grand Cauchemar !

Installer l'appli de la SNCF sur son téléphone. Elle est d'un pratique... (non, je ne suis toujours pas sponsorisée par la SNCF!!)

J'aime le train. Vraiment. Et j'aime observer cette micro société de quelques heures qu'est une voiture TGV. C'est drôle, touchant, agaçant, odorant, grinçant, attendrissant, exaspérant, bruyant, calme, chaleureux, électrique, infantile, canin... Bref, c'est la vie dans une boite de conserve sur rails lancée à 300km/h.

Après, avoir une maison et un autre lieu de vie n'est pas simple. J'ai l'impression d'être toujours en mouvement, de ne pas parvenir à poser mes valises assez longtemps pour profiter de ce qui vient, sereinement. Quand je rentre chez moi, j'ai à peine ouvert la maison, géré un peu de quotidien, passé quelques coups de fils que déjà je dois repartir. Mes amis me manquent car je ne les vois plus autant qu'avant. Mais j'ai aussi commencé à nouer des relations et à avoir des attaches à Paris. Et ça aussi c'est bien.

Je ne sais plus quel jour on est et c'est le petit texto de la veille de mon départ qui me rappelle que je reprends le train. Ah oui, c'est vrai...Déjà??!!!

Parfois, j'ai l'impression que j'ai oublié des morceaux de moi dans l'un ou l'autre de mes endroits et que ça n'est pas moi, toute moi, qui est là. 

 

Et je voudrais poser un peu ma valise.