Quand
j'ai quitté ma vie d'avant, je disais à qui veut l'entendre que je
me donnais de un an à dix huit mois pour décanter ma vie, me mettre
au vert. Je devais me refaire, purger mon système de ce qui
l'empoisonnait, remettre mes idées en place et me construire un
avenir. Après, je verrais bien et je reviendrais à cet endroit que
j'avais quitté, neuve, droite, pleine d’allant. Je reviendrais me
couler dans mes habitudes mais plus tout à fait pareille, forte d'un
nouveau projet, d'une nouvelle énergie. J'allais bouffer le monde et
vous alliez bien voir !
Au
bout de six mois, ce que j'avais pu claironner ne tenait plus. Je
m'enfonçais dans des profondeurs noires et je lâchais tout. Je
lâchais surtout prise de mes prévisions et de mon agenda hyper
organisé de la nouvelle vie que je m'étais construite d'avance. Je
me retrouvais en pleine crise d'angoisse du non prévu. Et
paradoxalement, je découvrais la liberté.
Et
pourtant, le non prévu, pour quelqu'un comme moi, c'est probablement
une des sources anxiogènes les plus fortes. Rien ne rentre dans les
cases . Tout fout le camp ! Et surtout rien à quoi me
raccrocher pour sauver les apparences...
Avant,
j'avais mon sourire 32 bis, mes talons de 8, mes fringues décalées
mais hyper tendances, mon rouge M.A.C. et mon menton relevé. Ça
suffisait à faire illusion pour la grande majorité et même pour
moi , parfois.
Ici ?
Mes talons de 8 s'enfoncent dans les bouses, mes fringues ne sont
pas sorties du placard de l'année (trop délicates, pas assez chaudes, complètement hors contexte), mon menton a découvert le
bonheur de se nicher dans un col relevé lorsque le vent souffle.
Ici, l'authentique ne souffre aucun faux semblant ou plutôt, mes
faux semblants n'ont pas cours. Ici, en fait, les faux semblants
n'existent pas. On se tait, on carre ses épaules face au vent, on
serre les dents, les fesses et on affronte.
Alors
de fait, mes artifices sont restés rangés et je me suis sentie bien
nue. Pour les gens qui ne me connaissaient pas, pas de problème, ils n'ont rien vu.
Ceux qui me connaissaient vaguement n'ont pas vraiment saisi. Les
autres...m'ont vu à poil, pour la première fois, pour un certain
nombre. La totale : les bobos, les cicatrices, les poils, les
défauts, les mesquineries, les espoirs, les larmes, les peurs et le cœur. En vrac et ils
n'avaient plus qu'à faire le tri. Moi, j'avais laissé tombé les
tentatives d'organisation depuis longtemps.
Et
au milieu de toutes ces turbulences et de ce bazar ambiant, le vrac
bougeait sans que je n'en perçoive rien. J'avais l'impression de me
prendre les pieds dans le tapis, que les portes étaient clenchées,
que la marche arrière était verrouillée. Dans ce cas, vive les
montagnes russes émotionnelles...J'ai le mal de mer, vous
imaginez ce que ça a pu donner.
Presque
sans que je m'en rende compte, il y a eu des départs déchetterie,
des remorques soigneusement parquées...dans un garage loooongue
durée, des billets réservés et des créneaux libérés
inopinément. Pendant longtemps, ça n'a ressemblé à rien d'autre
qu'au rond point de Devos et à la douce folie qui va avec. Vous savez? La place de l’Étoile aux heures de pointe en quelque sorte.
Et
puis, il y a eu quelques accrochages, quelques décrochages, des
ratés et des surprises. Je ne vous cacherai pas que certaines de ces
surprises, je les enfilerais bien sous le tapis mais elles ne veulent
pas y rester. Elles s'affirment. Se glissent par le velux alors que
je leur ai claqué la porte au nez. Elles veulent en être ! (Je me demande bien pourquoi...)
Et
tout ce tintamarre ne veut pas se taire. Mes crises d'anxiété et
mes colères ne lui font pas peur. Mes paniques et mes feintes, il
s'en écarte et attend que cela se calme.
Là,
depuis quelques temps, il y a comme un courant qui se crée. A ma
grande surprise, presque à mon corps défendant, ma vie semble
s'agréger. Je suis incapable de vous dire quoi ni comment. Pas
encore. Mais ce joyeux bordel semble avoir trouvé une destination
qui fait sens. Un point de convergence. Et moi, je lui ri au nez !
You must be kidding me ! (Tu te fiches de
moi). Et l'autre en face, le tintamarre, il carillonne, sonne et
cacophonise de plus belle. Et j'ai beau lui dire de baisser d'un ton,
il ne veut rien savoir ! Et je commence à le trouver fort
sympathique à force, attachant, attirant même...
J'ai
bien l'impression que rien n'était en vain. Je sais déjà qu'il
faudrait me trainer par la peau du dos pour me faire quitter mon petit bout de jardin et que ma vie est ici (ne riez pas, c'est colossal pour moi de
pouvoir dire ça!).
Je
sens bien que ça frémit. Pour l'instant, je suis plutôt planquée
sous la table mais je pointe mon nez par curiosité. Dès que j'ai
compris ce qui se passe, je vous raconte !
De la place de l'étoile a la vie dans les champs (et pas Elysées) te souhaite d'y trouver autant de bonheur que j'ai pu en avoir
RépondreSupprimerJ'en prends le chemin je crois :-) merci! Un jour, j'aimerais bien que tu me racontes comment tu es arrivé dans ton coin de campagne ;-)
Supprimer"Dès que j'ai compris ce qui se passe, je vous raconte !"
RépondreSupprimerMerci, parce que là, j'avoue que j'ai pas tout compris :-)
En tout cas ça a l'air plutôt positif, donc c'est cool...
Je n'y manquerai pas! Oui, c'est cool :-)
Supprimer"On dirait que ça te gêne de marcher dans la boue. On dirait que ça te gêne de diner avec nous." Oui mais non. Je sais ce n'est pas toi.
RépondreSupprimeret toc! http://youtu.be/LqLmaZrRZ6o ^^
SupprimerNon, tu as raison, ça ne me dérange pas ;-)
Oui, dis-nous !
RépondreSupprimerJe vais relire ton texte en attendant.
l'acte 1 est en ligne ;-)
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