Il
y a des moments où la tentation de tout laisser aller est grande.
C'est pas si compliqué quand on y pense. Parce que quand tu es
accroché par le bout de tes doigts au dessus du vide et que tous tes
muscles sont en train de tétaniser, lâcher serait moins fatiguant.
Un peu radical mais si reposant. A quoi ça sert d'aller arracher des
bouts de soi jusqu'au sang pour tenir. Tenir quoi d'abord ?
Tenir à quoi ? Tenir pour quoi ? Tenir pour qui ?
Je
me dis que l'absence finit toujours par s'effacer. Pourquoi
devrais-je me préoccuper des autres ? Eux ne se préoccupent de
rien après tout. Je suis le maillon tendre, le maillon sensible, le
maillon faible.
Être
soi n'est jamais assez bien. Il faut ci ou ça, être comme ci ou
comme ça. Des représentations, des fantasmes, des modèles, des
standards. Il faut être beau, dynamique, intelligent, driven,
inspiré, battant, tonique, mince, jeune, créatif, endurci. Alors
quand vous êtes doux, moelleux, sensible, attentif, rêveur,
flasque, contemplatif, tendre, vulnérable...ça coince.
Quoi
qu'on en dise, c'est fatiguant de vivre, en fait. Je ne sais pas
comment les gens font. Parce que je ne dois pas être la seule à me
poser des milliers de questions en boucle et sans fin. Je n'ai pas de
disjoncteur donc ça ne s'arrête jamais. Pour tout et sur tout.
Alors comment font les autres ?