Quelques
quartiers de nectarine posés sur un mouchoir et picorés après
l'amour. Un colis reçu de manière inattendue empli de choses
délicieuses, faites maison. Rouler face au soleil sur cette route
empruntée des dizaines de fois et toujours avoir le sourire en
voyant cette éolienne gigantesque au sortir du virage. Fêter 25 ans
d'amitié sur le banc dans le jardin avec quelques chips et des
mojitos maison. Respirer son odeur au creux de son cou et rester là,
à suspendre le temps. Voir les fleurs s'ouvrir. Faire un tour en RER
et presque me prendre pour Actarus. Partir dans un grand éclat de rire en lisant un tweet.Apprendre une naissance à venir
et sourire en imaginant les parents qu'ils seront. Entendre la pluie,
blottie sous la couette, me bercer dans la nuit. Réussir un écrit
difficile et le valider haut la main. Aller à une expo photo
magnifique avec une amie. Retrouver la tribu après une longue
absence. Sentir sa main chercher la mienne dans le sommeil. Écouter
cette mélodie connue par cœur, si fort que cela résonne dans la
poitrine. La saveur du curry rouge. Dire oui, faire une valise et
monter dans un train. Avoir Margoulette Zébulone qui vient
tranquillement s'installer au creux de mes bras après le bain et
faire un long câlin, en humant son parfum d'enfant. M'ennuyer, un
peu. Désherber le jardin. Voler haut dans le ciel et avoir à
nouveau 7 ans. Ressentir le manque parce que si des personnes me
manquent c'est qu'elles font partie de ma vie et que je ne suis pas
seule. Ces baisers échangés sur ce quai de métro. Rentrer à la
maison. Bidouiller un meuble à chaussures. Manger des moules frites
à 3h de l'après-midi. Croquer quelques fraises tout juste
cueillies. Le regarder sans qu'il le sache et sentir mon cœur perdre
son rythme. Déjeuner ou dîner avec des personnes formidables. Les
fous-rires aux larmes avec cette amie à l'évocation de certains
souvenirs. Les longs moments de solitude. La lumière dorée du soir
qui tombe. Être attendue sur un quai de gare. Me découvrir autre.
Le beurre qui fond sur la tartine juste sortie du grille-pain. La
terre après la pluie...
Je
pourrais continuer cette liste encore et encore mais cela va finir
par être écœurant. Je ne sais pas comment c'est arrivé ou plutôt
à quel moment j'en ai pris conscience. Il n'y a pas eu de coup de
tonnerre. Pas d'annonce particulière. Pas de trompettes. Pas
d'événement spécial. Je me suis juste dit « Elle avait
raison : les gens heureux n'ont pas d'histoires ». Elle ?
Une de mes grand-mère. Elle m'a enseigné quantités de choses (oui,
celle qui m'a appris à filer et à broder, entre autre. A skier
aussi.). Elle était persuadée que j'avais quelque chose de
particulier, une manière singulière d'aborder la vie. Je ne savais
pas alors de quoi elle parlait. Et en pensant à elle, son rituel
du soir m'est revenu. Elle était aussi très croyante. Petite fille,
lorsque je dormais chez elle ou que j'étais en vacances avec elle,
tous les soirs, elle me faisait une croix avec son pouce sur le front
et me souhaitait bonne nuit en me confiant à la protection du
Saint-Esprit. Je ne peux pas dire que je suis vraiment croyante
aujourd'hui. Pourtant quelque part, je ne sais pas, mais je suis
sacrément protégée finalement.
Au
milieu de toutes mes incertitudes et dans le flou qu'est ma vie, les
petits bonheurs s'enchainent, les uns après les autres. Ils
n'empêchent pas les peurs, les crises de panique et les galères
mais ils sont là. Je crois qu'il y en a toujours eu simplement
je ne les voyais pas ou je ne savais pas les vivre quand ils se
présentaient. J'étais dans l'après. Aujourd'hui, j'arrive à peu
près à être dans le maintenant.
Parfois
je me dis qu'il ne faudrait pas que je m'y habitue parce que ça va
bien finir par s'arrêter. Souvent je regarde autours de moi étonnée
de ce qui se passe. Parfois je me dis que c'est la vie, tout
simplement. Souvent j'ai bien conscience d'être privilégiée.
Parfois j'ai l'impression que cela tient du miracle. Souvent je
souris aux anges et j'ai l'air bête.
Vous
trouvez que ce que j'écris est dégoulinant de guimauve et de
clichés ? Que la vie c'est pas ça et que la vie, la vraie,
c'est dur, âpre et parfois violent ? Probablement. C'est pas
faux. Mais ça n'est pas QUE ça. L'éternelle pessimiste que je suis
est en train de virer sa cuti. Oh, pas non plus de manière radicale,
il ne faut pas exagérer ! Mais juste assez pour voir les choses
un peu différemment. C'est l'histoire du verre à moitié plein ou à
moitié vide. Enfin, je crois. Remarquez, moi le verre, je le bois au
lieu de me poser la question...
Et
si c'était ça être heureuse, maintenant, tout simplement ?
le verre on le boit et on se ressert ! cheers !
RépondreSupprimerCheers!! :-D Et trinquons y bientôt :-))
SupprimerMerci pour ce beau billet ! Il est parfait à lire en ce lundi matin pour commencer la semaine ;)
RépondreSupprimerMerci pour ton commentaire et bienvenue ici ;-)
SupprimerC'est une drôle de chose le bonheur, entre celui inventé dans les histoires et celui tissé par la vie. Une glace au parfum changeant, empli de mini morceaux qui font pétiller le cœur, parfois par surprise. Dire je suis heureux est compliqué, parce que trop souvent on y voit une uniformité, comme si tout, tout à coup était parfait.
RépondreSupprimerMais le bonheur en fait est une myriades d'éclats de vies, de rires, de silences, d'absences, de présences, d'inconnu, inattendu, de trouilles mémorable et sauts sans filets.
Ton texte je l'aime aussi parce qu'en le lisant, ma mosaïque de petits bonheurs surgit, et me dit que quelques soient les difficultés et les doutes, en fait je suis heureuse. Là. Maintenant.
J'adore, je kiffe, je me délecte de ton commentaire...
Supprimer\__________o__________/ dans mes bras!!! Voilà, rien de plus à ajouter :-)
Ton billet m'a fait gonfler le coeur de plaisir, c'est comme une " première gorgée de bière " merci pour ce sourire du jour !
RépondreSupprimeroooh merci à toi! Ton commentaire est un générateur à sourires!! :-)
SupprimerNon, ça ne dégouline pas ! Mais c'est vrai que les bonheurs 1:5:13:21:25 et 30 font que tous les autres nous rendent vraiment heureux et conscients de l'être !
RépondreSupprimerQuand notre vie amoureuse est à l'arrêt il est souvent plus difficile d'apprécier le bonheur des petites choses.
Et être deux, ça aide à surmonter les moments âpres de l'existence.
C'est maintenant ma chérie, c'est maintenant.
RépondreSupprimerJ'étais passée à côté de ce billet! On est connectées toutes les deux. :)