Et vous, le 14 février, vous faites quoi?

Pourquoi je vous pose la question ? Parce que ce 14 février, V-Day fête ses 15 ans d'existence.

Qu'est-ce que V-Day ? Il a été créé par Eve Ensler. Le nom de cette femme vous dit peut-être quelque chose : c'est l'auteure de ce texte magnifique que sont « Les Monologues du Vagin ». Si vous ne les avez pas encore lu/vu, je vous y encourage.

J'ai eu la chance, il y a quelques années, d'être invitée pour mon anniversaire à une représentation de la pièce. J'ai ri et j'ai été émue aux larmes. Et surtout, cela m'a engagé dans bien des réflexions sur ce que j'avais entendu. Qu'est-ce que nous en avons parlé et pendant longtemps !

V-Day, donc, est un mouvement qui combat les violences faites aux femmes. « V-Day est un mouvement mondial activiste pour faire cesser la violence envers les femmes et les filles. V-Day est un catalyseur qui promeut les événements créatifs permettant aux organisations anti-violence existantes de sensibiliser le grand public, de lever des fonds et de trouver un deuxième souffle. V-Day renforce la mobilisation dans la lutte pour faire cesser la violence envers les femmes et les filles, y compris le viol, l'inceste, les coups, la mutilation génitale féminine (MGF) et l'esclavage sexuel. » (source : vday.org)

Un rapport des Nations Unies  a pointé qu'une femme sur trois dans le monde sera confrontée à une forme de violence au moins une fois dans sa vie. Cela fait environ un milliard. Un MILLIARD de femmes qui seront victimes de maltraitance, coups, viol, harcèlement...une fois dans leur vie.

V-Day lance donc pour ce 14 février « One Billion Rising » (« Un milliard qui se lève » traduction approximative). Faire se regrouper un milliard de femmes (et ceux qui les aiment), pour un flashmob mondial, pour chanter et danser ensemble afin de mettre un coup de projecteur sur cette réalité trop souvent banalisée des violences faites aux femmes.

Alors bien sûr cela peut paraître dérisoire... Chanter et danser pour dénoncer les violences. Mais cela n'est pas juste un flashmob, trois petits tours et puis s'en vont. C'est au quotidien que des centaines d'organisations et d'associations travaillent à dénoncer, lutter et mettre en place des actions de fond pour lutter contre ces violences.

C'est un sujet qui me tient à cœur. J'ai été une sur un milliard. Dans Mon Boulot d'Avant, j'ai été confrontée à la violence et j'en ai été l'objet. Oh bien sûr, sans commune mesure avec ce que des centaines de milliers de femmes subissent chaque jours. Mais j'ai été malmenée, insultée et on m'a craché à la gueule. J'ai été menacée de mort. J'ai ressenti la peur qui prend aux tripes et qui fait trembler ou qui pétrifie. J'ai ressenti l'impuissance absolue face à des hommes plus grands et/ou plus costauds que moi, qui ont utilisé leur « avantage » physique pour tenter d'imposer leur pouvoir et leur volonté (comme ils l'imposaient à leur compagne/femme/enfants). J'ai eu envie de fuir, de détourner le regard ou de lever les bras pour me protéger. J'ai ressenti la rage et l'envie de rendre à l'identique. Et j'ai aussi ressenti le potentiel de violence tapi en moi. Pas joli joli...

Ce sont des sentiments que je ne souhaite à personne. Tout comme je ne souhaite à aucune femme de ressentir la culpabilité qui vient après et la peur qui colle, s'incruste et resurgit. Et la spirale des « Et si... » qui n'arrête pas : Et si j'avais agi autrement, dit autre chose ? Et si c'était moi qui a déclenché cette réaction ? Et si c'était de ma faute ? Et si j'avais fait autrement ça ne serait pas arrivé ? Et si j'avais réagi plus fortement dans l'instant ?

J'ai toutes les explications rationnelles, raisonnables et valables pour expliquer ces situations et comment elles sont arrivées. Je sais que cela n'est pas si simple et que ça n'est pas mon comportement qui a déclenché ces violences ou plutôt : même si j'ai dit/fait des choses qui pouvaient mettre en colère, rien absolument RIEN ne justifie/n'excuse le passage à l'acte.

Je le sais mais, à l'époque, j'ai mis des mois avant de pouvoir dire je le SAIS, je le SENS et je le CROIS. Et cela a modifié mon comportement par la suite : ne jamais avoir personne entre moi et la porte lorsque j'allais à domicile, ne pas tourner le dos à certains pères de famille, ne pas me retrouver seule dans des locaux déserts pour des entretiens tardifs, etc... Aujourd'hui encore, je n'ai pas oublié...

Et je ne vous parle pas de toutes ces femmes (et certains hommes) accompagné-e-s dans le cadre des mesures éducatives,victimes des violences de leur conjoint-e. Quand à la violence sur les mineurs...indicible parfois.

Alors oui, je trouve important de parler de ce sujet, de ne pas me résigner en considérant que c'est un état de fait et « qu'on ne peut pas y faire grand chose ma pauvre Lucette ». Si ! On peut faire quelque chose. En parler pour commencer...

Alors, en ce 14 février, peut-être y-a-t-il un événement V-Day non loin de chez vous... ? 

Sinon, engagez la discussion avec vos proches, vos ami-e-s, vos collègues, vos voisins. Cela n'arrive pas qu'aux autres vous savez... 
 

Edit : j'ai supprimé les paragraphes concernant la St Valentin & le 8 mars et ce que j'en pense... Ce post est sur V-Day et la violence faite aux femmes et non une dénonciation du caractère commercial de la St Valentin. Bref, j'ai simplifié...