vendredi 26 octobre 2012

Stage de survie en milieu hostile - Acte 3 : Laura Bradshaw ou Carrie Ingalls

C'est une chose d'envoyer un courrier, tout recommandé R2 avec Accusé de Réception qu'il soit. C'en est une autre d'attendre. Parce qu'après les énervements, les émotions et les coups de sang des dernières semaines et même des derniers jours, je ne pouvais matériellement plus rien faire.

J'étais en vacances ? J'allais donc profiter de mes vacances !! 

 
Lettre J+1 : je vais aller faire quelques courses et me balader sur le port. Elle doit être dans le train, si les agents du tri postal ont fait ce qu'il faut.
Lettre J+2 : glandouille interstellaire toute la journée dans le hamac. C'est aujourd'hui qu'elle doit être distribuée je pense. Heureusement, c'est pas mercredi, la secrétaire sera là pour signer.
Lettre J+3 : balade en mer et dans les Calanques, dîner avec des amis, journée magnifique de beau, de bon et de chaleur en tout genre. Elle doit avoir rejoint la pile des candidatures.
Lettre J+4 : ranger l'appart', faire la vaisselle, sortir, contempler la mer. Elle va bien finir par être lue quand même, ils vont en penser quoi ? Je n'aurais pas du mettre ça dans ma lettre de motivation.
Lettre J+... ça a duré 12 jours, douze jours de vacances, de train, de retour, de ma vie habituelle. Douze jours au cours desquels Bambi et Xena ont fait les fous sous mon crane quand l'Alien ne s'en mêlait pas tout en étant à côté de la plaque. « De toute façon, ils ne m'appelleront pas, j'ai pas le bon profil, je ne suis pas en poste, y'a plein de candidatures meilleures que la mienne » vs « Pah ! Sûr qu'ils vont me prendre...j'ai une expérience professionnelle un peu atypique, je suis motivée et j'en veux. I'm the best ».
Je ne vous cacherai pas que Xena étant nouvelle dans mon team perso, c'est Bambi qui occupait le devant de la scène.

Retour de vacances. Réouvrir la maison, attaquer le jardin par la face nord et le ménage par la face sud. Quand j'ai passé de bonnes vacances, ma valise reste ouverte au milieu du salon pendant quelques temps. Et il y a des tas : linge à laver, trucs à ranger, trousses diverses et variées, chaussures...Je traîne dans ce cas, je range et je remise tout ça du bout des doigts, sans conviction, comme pour mieux retenir ce qui était si bien ! Ma persistance rétinienne des sensations à moi.

Lettre J+9 : « Hé Serval, demain on fait une soirée tranquille pour fêter le premier feu de la saison »
Lettre J+10 : Fête...« alors Serval, des nouvelles pour ton truc là, tu dois pas passer un entretien ? » - « t'gueule...m'faiche...sers moi plutôt à boire »
Lettre J+11 : jetons un voile pudique sur ce dimanche pluvieux.
Lettre J+12 : chuuuuuuuuuut le téléphone qui sonne si fort. Mais ça ne va pas d'appeler si tôt, il n'est que 13h30 enfin ! Ah ces parisiens...Paris ? PARIS ! « Oui, allô ? » (mettre du sourire et du dynamisme dans la voix!) - « Serval Frayer ? Ici BeauHipster du département de Gnourynquologie. Nous avons reçu votre dossier. Vous être libre mercredi à 11h30 pour l'entretien ? » - « Ce mercredi ? Laissez-moi le temps de prendre mon billet de train et je vous reconfirme » - « ah, mais vous venez de loin ? Vous venez spécialement pour ça ? » - « J'habite au FFDMC, oui rien que pour ça mais je l'avais prévu » - « Et c'est où FFDMC ? » - etc...
J'ai raccroché et là [Panic Mode ON]...Une poule sans tête à ne pas savoir quoi faire. Billets de train, paniquer, valise, quoi mettre, courir partout, relire mes cours, paniquer, chaussures, prévenir, pleurer tous les saints de la création et les autres, si je suis large relire l’œuvre intégrale non sous-titrée du dieu vivant de la Gnourynquologie, chercher Xena et l'Alien et ne trouver qu'une bande de pleutres aux yeux de Bambi qui agitaient leurs oreilles comme des éoliennes d'un air désemparé, décider de ne pas y aller à quoi ça sert vont jamais me prendre, imprimer mon billet de train (mais mon imprimante est cassééééée !! Non, juste pas branchée), …

Au final, j'ai pris une valise énorme avec au moins cinq tenues différentes (rien que pour le jour de l'entretien) sans compter les chaussures. J'ai essayé de gérer mon angoisse comme je pouvais et j'ai pris mon train. Je suis montée à la Capitale. J'avais l'impression d'être Laura Ingalls partant vers son destin traînant une valise pleine des fringues de Carrie Bradshaw.

J'y suis allée ce mercredi matin là, vous le savez déjà. J'ai trouvé le moyen d'être habillée sobre mais avec juste assez d'originalité pour ne pas trop sentir le foin et la gadoue quand même. Pas de talons cette fois-ci, je ne le voulais pas et j'ai eu raison. Il n'était pas si grand...

J'étais à l'heure mais j'ai juste pas attendu au bon endroit donc au final j'étais en retard...« Serval Frayer ? » J'ai relevé la tête et là...Ouuuuuh que ça piquait les yeux ! Bel homme, sourire charmant, stylé mais soooooooo 70's ! Pas du 70's « je n'ai pas changé de garde robe depuis 40 ans » non, non du 70's « ça coûte des bras et des jambes, ça pique mais c'est un style que je cultive ». Une chemise...je n'avais pas vu de tels motifs depuis que j'étais allée à l'expo Vazarely et il portait cravate en plus ! Mais ensemble harmonieux et agréable à regarder. On s'en fiche me direz-vous ?! Oui mais en même temps, j'avais bien fait de longuement réfléchir à ma tenue. Quelque chose me dit que ça l'a impressionné mais oui bien sûr !

J'allais devoir batailler, argumenter, exposer, débattre... « bon, je ne vais pas vous faire languir plus longtemps. Je ne vois pas ce qui empêcherait que vous soyez des nôtres cette année » - « … ; … ; gné ; … ; frctdtsdrt ...haem ; pardon ? » - « votre expérience professionnelle est solide, vos notes sont bonnes, je ne vois pas ce qui s'oppose à ce que vous intégriez cette année et c'est ce que je défendrai en commission » - « embrasse moi grand fou ! Et le fait que je ne travaille pas ne constitue pas un obstacle ? » - « Vous en discuterez avec votre formateur ».
Après la discussion a porté sur le fait que je venais de loin, que j'habite une belle région et que les résultats définitifs seraient affichés à la fin du mois oui on vous envoie un mail pour que vous ne fassiez pas le déplacement.

Je suis ressortie euphorique tout en ne voulant pas l'être : tant que ça n'est pas écrit noir sur blanc, on ne sait jamais.
Petite danse de la joie intérieure. C'est ma jupe, je savais bien que ma jupe faisait un effet bœuf !

Douze jours à attendre, à nouveau, encore...

La plage est grise ce matin là : pas de mail. Le soleil se lève sur le petit port : pas de mail. Le phare est beau et le vélo c'est rigolo : toujours pas de mail. Je ne sens plus mes jambes et ma gorge chauffe : pas de mail. C'est vers 21h que je me suis résolue à accepter qu'il n'y aurait plus de mail ce jour me donnant la réponse définitive. Aujourd'hui, j'ai rechargé deux fois la batterie du téléphone : à force d'actualiser/synchroniser en continu dans un endroit où le réseau est mauvais...J'ai réussit à juguler Bambi à coup de granules.

J'ai un plan D.

Epilogue : mon plan D comme Daddy est allé voir cette fichue liste. La plage était toute proche quand il m'a appelée : « c'est tout bon ma fille ! ».
J'ai été derviche tourneur au soleil et je me suis faite des ailes d'ange dans le sable. Enfin ! Le Master en Gnourynquologie, une science sociale passionnante, croyez-moi, je vais le conquérir. Je vais avoir un pied à la campagne et un pied à la ville. Je reprends mes études !!
Et ça m'est tombé dessus d'un coup...Oh merde, je reprends mes études...Mais vais-je être à la hauteur ?? 
Il y a eu un tintamarre de tous les diables dans ma caboche « TA GUEULE !! » : Bambi, Xena, l'Alien, Laura, Carrie et les autres me regardaient exaspérés.
OK... va pour aujourd'hui. Je suis remontée sur mon vélo et j'ai recommencé à pédaler.

4 commentaires:

  1. C'est beau comme une finale de coupe du monde en 98.

    Bravo !

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  2. Que de bonnes nouvelles :)

    Le déroulement de l'entretien me rappelle une expérience similaire, on est sur un petit nuage après çà.

    Félicitations et bon courage !

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