C'est
une chose d'envoyer un courrier, tout recommandé R2 avec Accusé de
Réception qu'il soit. C'en est une autre d'attendre. Parce qu'après
les énervements, les émotions et les coups de sang des dernières semaines et même des derniers jours, je ne pouvais matériellement
plus rien faire.
J'étais
en vacances ? J'allais donc profiter de mes vacances !!
Lettre
J+1 : je vais aller faire quelques courses et me balader sur le
port. Elle doit être dans le train, si les agents du tri postal ont
fait ce qu'il faut.
Lettre
J+2 : glandouille interstellaire toute la journée dans le
hamac. C'est aujourd'hui qu'elle doit être distribuée je pense.
Heureusement, c'est pas mercredi, la secrétaire sera là pour
signer.
Lettre
J+3 : balade en mer et dans les Calanques, dîner avec des amis,
journée magnifique de beau, de bon et de chaleur en tout genre. Elle
doit avoir rejoint la pile des candidatures.
Lettre
J+4 : ranger l'appart', faire la vaisselle, sortir, contempler
la mer. Elle va bien finir par être lue quand même, ils vont en
penser quoi ? Je n'aurais pas du mettre ça dans ma lettre de
motivation.
Lettre
J+... ça a duré 12 jours, douze jours de vacances, de train, de
retour, de ma vie habituelle. Douze jours au cours desquels Bambi et
Xena ont fait les fous sous mon crane quand l'Alien ne s'en mêlait
pas tout en étant à côté de la plaque. « De toute façon,
ils ne m'appelleront pas, j'ai pas le bon profil, je ne suis pas en
poste, y'a plein de candidatures meilleures que la mienne » vs
« Pah ! Sûr qu'ils vont me prendre...j'ai une expérience
professionnelle un peu atypique, je suis motivée et j'en veux. I'm
the best ».
Je
ne vous cacherai pas que Xena étant nouvelle dans mon team perso,
c'est Bambi qui occupait le devant de la scène.
Retour
de vacances. Réouvrir la maison, attaquer le jardin par la face nord
et le ménage par la face sud. Quand j'ai passé de bonnes vacances,
ma valise reste ouverte au milieu du salon pendant quelques temps. Et
il y a des tas : linge à laver, trucs à ranger, trousses
diverses et variées, chaussures...Je traîne dans ce cas, je range
et je remise tout ça du bout des doigts, sans conviction, comme pour
mieux retenir ce qui était si bien ! Ma persistance rétinienne
des sensations à moi.
Lettre
J+9 : « Hé Serval, demain on fait une soirée tranquille
pour fêter le premier feu de la saison »
Lettre
J+10 : Fête...« alors Serval, des nouvelles pour ton truc
là, tu dois pas passer un entretien ? » -
« t'gueule...m'faiche...sers moi plutôt à boire »
Lettre
J+11 : jetons un voile pudique sur ce dimanche pluvieux.
Lettre
J+12 : chuuuuuuuuuut le téléphone qui sonne si fort. Mais ça
ne va pas d'appeler si tôt, il n'est que 13h30 enfin ! Ah ces
parisiens...Paris ? PARIS ! « Oui, allô ? »
(mettre du sourire et du dynamisme dans la voix!) - « Serval
Frayer ? Ici BeauHipster du département de Gnourynquologie.
Nous avons reçu votre dossier. Vous être libre mercredi à 11h30
pour l'entretien ? » - « Ce mercredi ?
Laissez-moi le temps de prendre mon billet de train et je vous
reconfirme » - « ah, mais vous venez de loin ? Vous
venez spécialement pour ça ? » - « J'habite au
FFDMC, oui rien que pour ça mais je l'avais prévu » - « Et
c'est où FFDMC ? » - etc...
J'ai
raccroché et là [Panic Mode ON]...Une poule sans tête à ne pas
savoir quoi faire. Billets de train, paniquer, valise, quoi mettre,
courir partout, relire mes cours, paniquer, chaussures, prévenir,
pleurer tous les saints de la création et les autres, si je suis
large relire l’œuvre intégrale non sous-titrée du dieu vivant de
la Gnourynquologie, chercher Xena et l'Alien et ne trouver qu'une bande
de pleutres aux yeux de Bambi qui agitaient leurs oreilles comme des
éoliennes d'un air désemparé, décider de ne pas y aller à quoi
ça sert vont jamais me prendre, imprimer mon billet de train (mais
mon imprimante est cassééééée !! Non, juste pas branchée),
…
Au
final, j'ai pris une valise énorme avec au moins cinq tenues
différentes (rien que pour le jour de l'entretien) sans compter les
chaussures. J'ai essayé de gérer mon angoisse comme je pouvais et
j'ai pris mon train. Je suis montée à la Capitale. J'avais
l'impression d'être Laura Ingalls partant vers son destin traînant
une valise pleine des fringues de Carrie Bradshaw.
J'y
suis allée ce mercredi matin là, vous le savez déjà. J'ai trouvé
le moyen d'être habillée sobre mais avec juste assez d'originalité
pour ne pas trop sentir le foin et la gadoue quand même. Pas de
talons cette fois-ci, je ne le voulais pas et j'ai eu raison. Il
n'était pas si grand...
J'étais
à l'heure mais j'ai juste pas attendu au bon endroit donc au final
j'étais en retard...« Serval Frayer ? » J'ai relevé
la tête et là...Ouuuuuh que ça piquait les yeux ! Bel homme,
sourire charmant, stylé mais soooooooo 70's ! Pas du 70's « je
n'ai pas changé de garde robe depuis 40 ans » non, non du 70's
« ça coûte des bras et des jambes, ça pique mais c'est un
style que je cultive ». Une chemise...je n'avais pas vu de tels
motifs depuis que j'étais allée à l'expo Vazarely et il portait
cravate en plus ! Mais ensemble harmonieux et agréable à
regarder. On s'en fiche me direz-vous ?! Oui mais en même
temps, j'avais bien fait de longuement réfléchir à ma tenue.
Quelque chose me dit que ça l'a impressionné mais oui bien sûr !
J'allais
devoir batailler, argumenter, exposer, débattre... « bon, je
ne vais pas vous faire languir plus longtemps. Je ne vois pas ce qui
empêcherait que vous soyez des nôtres cette année » - « … ;
… ; gné ; … ; frctdtsdrt ...haem ;
pardon ? » - « votre expérience professionnelle est
solide, vos notes sont bonnes, je ne vois pas ce qui s'oppose à ce
que vous intégriez cette année et c'est ce que je défendrai en
commission » - « embrasse moi grand fou ! Et le fait
que je ne travaille pas ne constitue pas un obstacle ? » -
« Vous en discuterez avec votre formateur ».
Après
la discussion a porté sur le fait que je venais de loin, que
j'habite une belle région et que les résultats définitifs seraient
affichés à la fin du mois oui on vous envoie un mail pour que vous
ne fassiez pas le déplacement.
Je
suis ressortie euphorique tout en ne voulant pas l'être : tant
que ça n'est pas écrit noir sur blanc, on ne sait jamais.
Petite
danse de la joie intérieure. C'est ma jupe, je savais bien que ma
jupe faisait un effet bœuf !
Douze
jours à attendre, à nouveau, encore...
La
plage est grise ce matin là : pas de mail. Le soleil se
lève sur le petit port : pas de mail. Le phare est beau
et le vélo c'est rigolo : toujours pas de mail. Je ne
sens plus mes jambes et ma gorge chauffe : pas de mail. C'est
vers 21h que je me suis résolue à accepter qu'il n'y aurait plus de
mail ce jour me donnant la réponse définitive. Aujourd'hui, j'ai
rechargé deux fois la batterie du téléphone : à force
d'actualiser/synchroniser en continu dans un endroit où le réseau
est mauvais...J'ai réussit à juguler Bambi à coup de granules.
J'ai
un plan D.
Epilogue :
mon plan D comme Daddy est allé voir cette fichue liste. La plage
était toute proche quand il m'a appelée : « c'est tout
bon ma fille ! ».
J'ai
été derviche tourneur au soleil et je me suis faite des ailes
d'ange dans le sable. Enfin ! Le Master en Gnourynquologie, une
science sociale passionnante, croyez-moi, je vais le conquérir. Je
vais avoir un pied à la campagne et un pied à la ville. Je reprends
mes études !!
Et
ça m'est tombé dessus d'un coup...Oh merde, je reprends mes
études...Mais vais-je être à la hauteur ??
Il y a eu un
tintamarre de tous les diables dans ma caboche « TA
GUEULE !! » : Bambi, Xena, l'Alien, Laura, Carrie et
les autres me regardaient exaspérés.
OK...
va pour aujourd'hui. Je suis remontée sur mon vélo et j'ai
recommencé à pédaler.
C'est beau comme une finale de coupe du monde en 98.
RépondreSupprimerBravo !
Wow...call me Liza alors ^^ ;-)
SupprimerMerci...
Que de bonnes nouvelles :)
RépondreSupprimerLe déroulement de l'entretien me rappelle une expérience similaire, on est sur un petit nuage après çà.
Félicitations et bon courage !
:-)) oui, il y avait un peu de ça
SupprimerMerci!